La sélection géorgienne monte en puissance depuis quelques années. Souvent qualifiée de rugueuse, dure à l’impact et forte en mêlée, il semblerait qu’elle ait rajouté quelques cordes à son arc. On le sait, la France et la Géorgie sont intimement liées. Depuis le début des années 2000, les Lelos font le bonheur des premières lignes des écuries françaises. Levan Tsabadze, Davit Ashevtia, Goderdzi Shvelidze ont été les premiers à poser leurs bagages en France et ont ouvert la voie à l’actuelle colonie de Géorgien qui office dans l’hexagone.
RUGBY. La Géorgie avec 18 ''Français'' pour les tests de novembrePendant longtemps la formation géorgienne n’a fourni quasiment que des joueurs de première ligne connus comme rugueux, gaillards et travailleurs. Des joueurs qui font encore le bonheur de nos championnats comme Nariashvili, Gigashvili ou encore Chilachava. Une formation peu variée, qui avait son pesant lors des rencontres et qui donnait très souvent lieu à un jeu assez restrictif et très physique. Petit à petit le rugby géorgien s’est structuré, notamment avec l’apparition d’un championnat de plus en plus compétitif qui donne la possibilité à des équipes de se montrer dans les compétitions européennes. Une évolution qui n’a pas tardé à se faire ressentir au niveau des résultats, puisqu’à l’heure actuelle les Lelos pointent au 12eme rang mondial, 2 places devant l’Italie. De quoi alimenter le débat sur leur place dans le tournoi des 6 Nations. Pour gravir les échelons, la sélection géorgienne a dû varier les plaisirs, et surtout son jeu, comme l’a expliqué le centre et capitaine des Lelos Merab Sharikadze en conférence de presse : "Le rugby mondial ne nous voit que comme une équipe physique, qui joue devant. Nous sommes reconnus pour ça. Mais on ne joue pas seulement devant ! Nous avons aussi des trois-quarts qui savent jouer". Les piliers ne sont plus les seules vedettes géorgiennes, puisque depuis quelques années, les Lelos nous sortent de très belles pépites à tous les postes. Les voici :
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Les troisièmes lignes à la mode
Avant de parler des nouveaux espoirs géorgiens à ce poste, impossible de ne pas évoquer le nom de Gorgodze. La légende géorgienne est sans doute le Lelos le plus connu sur la planète rugby. Arrivé à 20 ans dans l’Hérault, il avait fait le bonheur du MHR pendant de longues années, avant de mettre un terme à sa carrière du côté de Toulon en 2020. Précurseur au poste du côté géorgien. Quelques jeunes sembleraient être bien partis pour prendre la relève. Notamment trois joueurs qui foulent les pelouses du TOP 14 les week- ends. Le premier, Beka Gorgadze rêve de marcher dans les pas de l’ancien troisième ligne montpelliérain. Il a tout l’air d’être parti pour, avec ses 38 sélections en équipe nationale. Arrivé de Bordeaux cet été, il fait maintenant le bonheur de la Section Paloise. Avec 7 feuilles de match en 10 journées, il fait partie des cadres de l’équipe, mais surtout le numéro 8 le plus utilisé. Numéro 8 très physique et dur à l’impact, il met constamment son équipe dans l’avancée.
Il sera sûrement titulaire au centre de la troisième ligne face aux Bleus. Un de ses adversaires en championnat devrait aussi faire partie de cette troisième ligne, Beka Saghinadze. Ce flanker Lelo s’est fait connaître du côté de la PRO D2 à Aurillac avant d’arriver cette année au LOU. Il ne cesse d’impressionner et monte en puissance. Sa performance face au Stade Toulousain parle pour lui, 19 plaquages, 12 courses, 39 m ballons en main et un essai pour couronner le tout. Il possède déjà 25 caps avec les Lelos à seulement 22 ans. Un joueur moderne, très rude sur l’homme, mais surtout avec une énorme débauche d’énergie.Le troisième n’est autre que Tornike Jalagonia, l’infatigable troisième ligne du Biarritz Olympique. Depuis moins longtemps sur la scène internationale avec seulement 10 sélections, il n’impressionne pas moins lors de chaque sortie. Dans un style plus mobile et plus aérien que ces deux prédécesseurs, le jeune troisième ligne de 22 ans couvre un paquet de terrain sur chaque rencontre. Il avait donné le ton dès la première journée de TOP 14 face à l’UBB. Capable de jouer au centre ou sur l’aile de la troisième ligne, il viendra peut-être compléter cette dernière au côté de ses deux compatriotes du TOP 14. Attention, les Lelos auront sûrement ce week-end la plus belle troisième ligne de leur histoire.
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De véritables talents à la charnière
L’équipe de Brive connue pour accueillir une grande colonie de Géorgien, a dégoté parmi eux, deux talents à la charnière. Que faisiez-vous à 18 ans ? Parce que le premier Briviste, Vasil Lobzhanidze lui, devenait le plus jeune joueur à disputer une coupe du monde. À 18 ans et 10 mois, il disputait son premier match en coupe du monde face aux Tonga. Arrivé en France depuis, il est le titulaire indiscutable en Corrèze. À côté de tous les jeunes talents géorgiens, il fait office d’ancien avec ses 44 sélections en équipe nationale. Quoi de mieux pour prendre sous son aile une jeune pépite géorgienne. Qui plus est, évolue au poste de demi d’ouverture dans son club. C’est Tedo Abzhandadze, le jeune Lelo de 22 ans qui a dû être ravi. Arrivé en Auvergne l’année dernière, il peine un peu à se faire sa place à côté d'Enzo Hervé, mais c’est en sélection qu’il s’épanouit le plus. Avec 26 caps pour 25 titularisations à seulement 22 ans, le jeune ouvreur n’a pas peur de mener à la baguette son équipe. Qualifié comme un joueur très technique, avec une grosse qualité de passe, il possède tout autant un jeu au pied de qualité. Il est l’une des pépites géorgiennes à surveiller. C’est du côté du MHR que nous avons peut-être la plus grosse pépite Lelo. Pour ceux qui ne connaissent pas, Gela Aprasidze c’est 3 coupes du monde U20 dont une surclassée, 33 sélections avec les Lelos alors qu’il n’a disputé seulement 16 petits matchs pour le MHR. Très souvent barré par l’énorme concurrence en numéro 9 du côté de l’hérault, il paye aussi peut-être son style de jeu un peu « fou ». Buteur des deux pieds, il possède une technique individuelle de très grande qualité. Très bon animateur et très grand « steppeur », il aime porter le ballon comme le rappelle son essai marqué face à l’Irlande lors d’un championnat du monde U20. Le montpellierain ne sera pas de la partie ce dimanche, il souffre toujours de sa blessure à l’épaule contractée chez les Cistes.
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D’autres talents pas en reste
La Géorgie avait remplacé au dernier moment le Japon pour la Coupe d’Automne des Nations l’an dernier. Cela avait permis aux Lelos de se confronter à ce qu’il se fait de mieux sur la scène internationale. Ils avaient notamment rendu une très belle copie face à l’Irlande malgré la défaite. Un Lelo avait éclaboussé la rencontre de son talent. Giorgi Kveseladze, le centre géorgien, avait séduit l’ensemble des téléspectateurs grâce de par sa performance. Très bon en défense et solide sur l’homme, l’international géorgien avait surtout sublimé la rencontre d’un magnifique essai en solitaire. Après une remise intérieure de son arrière, tout le bagage technique y était passé. Feinte de passe, crochet intérieur et finissait sa course dans l’en-but. Pour l’ensemble de son œuvre, il avait été élu meilleur joueur de la 3eme journée de la Coupe d’Automne des Nations. Mais ce n’est pas la plus belle récompense qu’il pouvait recevoir. Après la rencontre, Brian O’Driscoll s’était chargé personnellement de réagir, et pas des moindres, à sa performance : "Si j’étais un club européen à la recherche d’un centre l’année prochaine, je porterais un oeil attentif à Giorgi Kveseladze, le numéro 13 de la Géorgie samedi. Outre son excellent essai, il a été très solide en défense également. Un bosseur dur au mal". La voix de BOD s’était fait entendre, puisqu’il évolue désormais du côté de Gloucester en Angleterre. Un joueur à suivre, qui a de belles années devant lui à seulement 23 ans.
RUGBY. Davit Niniashvili, ce poupon du LOU dont les Bleus feraient bien de se méfier face à la GéorgieOn retourne dans l’hexagone pour découvrir le dernier prodige géorgien. À seulement 19 ans, Davit Niniashvili est l’une des nouvelles attractions du TOP 14. Le jeune ailier a disputé pas moins de 7 matchs cette saison avec le LOU. Appelé pour la première fois en sélection nationale à 18 ans, il compte désormais 7 sélections pour 3 essais. Un joueur avec un physique assez banal (1m85 pour 88kg), qui joue sans trop se poser de questions. Rapide et surtout inépuisable, il a séduit en très peu de temps son entraîneur Pierre Mignoni qui le qualifie de "joueur exceptionnel". Une ascension fulgurante qui le mènera certainement du côté de Bordeaux ce week-end. À voir sa performance face à l’une des meilleures équipes du monde actuellement.
La rencontre de ce dimanche ne devrait en aucun cas ressembler à la seule et unique confrontation entre ces deux équipes. Si à l’époque la formation géorgienne était louée uniquement et seulement pour ces piliers et son jeu physique. Il n’en est rien à l’heure actuelle. Les Lelos depuis quelques saisons, proposent un jeu cohérent avec une vraie homogénéité au sein de leur effectif. L’éclosion de plusieurs talents à tous les postes récemment parle pour eux. Le match face aux Bleus sera une réelle opportunité de montrer leur progression au grand public.