Et puis soudain, le Stadium se mua dans le silence. Un coup d'oeil, un coup de dés et un coup de poignard successifs de Robert Baloucoune passés l'heure de jeu venaient éteindre l'enceinte toulousaine, pleine comme un oeuf pour l'occasion. Là, l'ailier de l'Ulster avait intercepté une passe au cordeau de Dupont et plantait, 80 mètres plus loin, l'essai qui tuait définitivement le match (13 à 26 à ce moment-là). Avant la bronca qui suivi pour un potentiel hors-jeu initial de l'ailier nord-irlandais, les supporters haut-garonnais venaient surtout de découvrir que l'Ulster possédait une sacrée arme offensive dans son couloir droit, auteure d'un triplé plein d'opportunisme en 55 minutes.
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Lui ? Comme beaucoup, vous ne connaissiez peut-être pas cet ailier aux grands compas (1m93 pour 92kg) avant ce samedi ensoleillé dans la ville rose. Pourtant, ce garçon aux origines sénégalaises possède déjà une belle carte de visite du côté de l'Irlande. Plein de skills et dôté d'une pointe de vitesse parmi les plus impressionnantes du vieux-continent, Baloucoune est un garçon capable de faire de gros dégâts dans son couloir, très difficile à arrêter une fois qu'il déroule sa grande foulée. Des qualités qui sentent bon le 7 à plein nez, non ?
Eh bien vous ne vous trompez pas, l'Ulsterman a bel et bien connu les joies du Sevens avant que sa carrière professionnelle ne se lance du côté du Kingspan. En 2018, il participe à la fantastique épopée des Irlandais au World Sevens Series avant d'être même convoqué pour la coupe du monde à 7 qui a lieu à San Francisco. Dans la foulée, le speedster intègre les pros' de Belfast et franchit la ligne de craie pratiquement à chaque fois qu'il est aligné. Car oui, si le joueur de 24 ans est un garçon capable de véritables différences dans son couloir, il reste, surtout, un finisseur né. En tout, il en est (déjà) à 22 essais en 34 rencontres de premier plan avec sa province. Cette année ? C'est même celle de l'explosion définitive, avec 4 réalisations en 7 matchs d'URC et 5 en 4 apparitions en Champions Cup.
D'ailleurs, Baloucoune est déjà international. Il compte 2 capes depuis l'an dernier, dont un exploit personnel fantastique face aux États-Unis pour sa première. Et si lors du dernier Tournoi Andy Farrell a (légitimement ?) encore préféré le côté plus "complet" de Hansen et Conway à son allure dégingandée, nul doute que le grand Robert aura - à nouveau - sa chance très bientôt. Une chose est sûre ; il est déjà le joueur le plus rapide du squad irlandais. Sera-t-il aussi le plus décisif ? Premier élément de réponse dès cet été lors de la série de tests face aux All Blacks. Mais avant cela, il y aura un 8ème de finale de coupe d'Europe à jouer face à Toulouse, bien sûr, et plus si affinités...
