Le monde du rugby a appris hier avec stupéfaction et déception la retraite du troisième ligne Kévin Gourdon, pour cause de problèmes cardiaques. Joueur atypique, avec un gabarit modeste pour le rugby moderne, il n'en restait pas moins un redoutable attaquant, notamment dans ses un contre un, où il faisait parler ses appuis pour prendre le meilleur sur ses vis-à-vis. Le natif de Valence, a suscité de vives réactions de la part de ses anciens entraineurs, surtout celui qui l'a vu exploser à haut niveau, Patrice Collazo. "J'ai fait quasiment 7 saisons avec lui. Beaucoup de choses nous opposaient dans la manière de vivre au quotidien mais on s'est toujours retrouvé sur trois choses essentielles : la sensibilité, le jeu, la relation humaine. Il déteste la routine. C'est un mec qui pense, qui rêve. La routine l'emmerde et peut même le priver de ses qualités essentielles", déclare-t-il dans les colonnes de Sud-Ouest.
RUGBY. Le monde du rugby réagit avec émotion à la fin de carrière de Kévin GourdonUn joueur amenant de la fraicheur dans le monde professionnel, dont le rugby n'était pas forcément quelque chose qui lui était prédestinée. Toujours dans Sud-Ouest, Fabrice Ribeyrolles, ancien entraineur de La Rochelle (2011 à 2014), se souvient :
Physiquement et même dans l'état d'esprit, Kévin ne faisait pas sportif de haut niveau qui allait s'y filer : il est un peu nonchalant. Au final, il a suivi l'évolution du Stade Rochelais de la Pro D2 jusqu'aux finales de Top 14 et Coupe d'Europe en étant titulaire en permanence pendant neuf ans. Parfois, il lui fallait des coups de pieds au cul. Patrice lui en a mis aussi. Mais quand il s'y mettait vraiment, on a vu ce que ça a pu donner avec La Rochelle au plus haut niveau ou en équipe de France.
Ce qui plaisait aux amateurs de rugby chez Gourdon, c'était finalement sa manière d'appréhender les choses. Un "air d'attardé étudiant" dixit Yannick Bru, qui "n'était pas formaté". "On avait l'impression qu'il était de passage avec nous sur le terrain : il s'éclatait et après il repartait dans une autre vie. J'avais l'impression qu'à chaque fois il venait jouer un match universitaire avec nous. Ce n'était pas le meilleur copain du gars qui gère les datas, mais c'est le genre de joueur qu'on aime."
Enfin, le témoignage de Guy Novès, son sélectionneur de 2016 à 2017, en dit beaucoup sur le personnage.
Ce n'était pas Goldorak, mais il était toujours juste dans ses choix. Avec mon staff, on lui trouvait beaucoup de talent. C'était un joueur intelligent avec une capacité exceptionnelle à exploiter ses qualités physiques. En sélection, c'était quelqu'un de très agréable à vivre au quotidien. J'espère que ses problèmes de santé ne sont pas graves. La vraie vie va commencer pour lui. Mais il va rebondir car il possède ces qualités intellectuelles.
De fait, nous lui souhaitons le meilleur également.