Le Stade Toulousain, un des clubs de rugby les plus emblématiques de France, connaît une situation financière complexe malgré des résultats sportifs impressionnants et une forte augmentation des revenus. Entre 2018 et 2022, le club a vu ses recettes de billetterie croître de 70 %, mais flirte toujours le déficit, selon le dernier rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) d’Occitanie que L'Equipe a consulté.
RUGBY. En mode record, Toulouse explose tous les chiffres : Merchandising, vente de maillots, billetterieLa gestion du club pendant la crise sanitaire a été exemplaire. Alors que les clubs de Top 14 cumulaient 37 millions de pertes, le Stade Toulousain affichait un bénéfice de 700 000 euros à la fin de la saison 2021. Toutefois, avec la fin des aides économiques liées au Covid, les bénéfices de 2022 (1,5 M€) ne peuvent pas être considérés comme durables en raison de charges d'exploitation et de masse salariale élevées, "un phénomène qui touche tous les clubs".
Le Stade Toulousain est gouverné par deux associations : l'une pour le sport professionnel, l'autre pour le sport amateur. Les "Amis du Stade Toulousain", propriétaires du stade Ernest-Wallon, ont un rôle "primordial" avec 23 % du capital et un siège permanent au conseil de surveillance du club. Elles doivent veiller à ce que l'aspect commercial ne prenne pas le pas sur les intérêts du sport amateur.
Le président du club, Didier Lacroix, et Franck Belot, président des "Amis du Stade Toulousain", sont impliqués dans plusieurs sociétés prestataires du club. Franck Belot est également directeur commercial pour Infront, principal partenaire financier du club, ce qui a suscité des questions sur la prévention des conflits d’intérêts. Un comité d’éthique indépendant sera créé en 2024.
La CRC critique également la convention de « prêt à usage » du stade Ernest-Wallon, qui permet au club de l'utiliser gratuitement. Cette convention pose des problèmes de transparence financière, car le club n'aurait pas dû valoriser les 1,3 M€ investis dans les installations ni encaisser les revenus des sous-locations.
De plus, la CRC souligne un risque de favoritisme dans les travaux de rénovation du stade, financés par près de 7 M€ de subventions publiques sans appel à la concurrence. "L'association a reconnu cette erreur", écrit L'Equipe dans son édition de mardi.
Enfin, le club pourrait faire face à un redressement fiscal. Les subventions versées à l'association pourraient être considérées comme des contreparties commerciales et donc imposables. Le fisc pourrait estimer que ces subventions visent à "minorer artificiellement le résultat fiscal" du club, un scénario que le Stade Toulousain veut absolument "éviter", rappelle nos confrères.