Que cette victoire nous paraît lointaine et anecdotique désormais. Il y a exactement un an, le XV de France de Fabien Galthié battait l’Afrique du Sud à Marseille. Ce jour-là, plus de 62 000 spectateurs avaient jubilé après une victoire étriquée face aux Springboks (30-26). Un an, jour pour jour, et une Coupe du monde après, que reste-t-il de cette rencontre ?
Un héritage oubliable pour le XV de France ?
On le dit souvent, quand une équipe se reconstruit, elle cherche des matchs références. Dans le cas du XV de France post-Brunel, cette rencontre a eu des airs qui s’en approchaient. Dans le combat, elle a été l’un des défis les plus complexes proposés aux hommes de Fabien Galthié. Néanmoins, la France était sortie victorieuse, malgré l’expulsion d’Antoine Dupont à la 48ᵉ minute de jeu. En 2023, c’était un Dupont blessé et rapatrié en vitesse sur le pré qui a défié les Springboks.
D’un point de vue tactique, la logique de dépossession appliquée au match de 2022 semble s’être quelque peu résorbée. Désormais, les Bleus mettent bien plus fréquemment la main sur le ballon. Surtout, les Bleus jouaient beaucoup plus lors du quart de finale et réalisent presque deux fois plus de passes, d’offload et de courses qu’à l’automne précédent.
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Cependant, la mise en retrait du jeu de dépossession paraît prendre racine ailleurs. On peut notamment penser à la défaite en Irlande lors du Tournoi des VI Nations 2023, où les Bleus étaient rentrés dans le jeu irlandais et avaient envoyé beaucoup de jeu, sans parvenir à dominer les Celtes dans ce secteur. Après cet échec, des succès probants contre l’Angleterre ou les All Blacks lors du match d’ouverture paraissent avoir eu un impact bénéfique plus visible que la rencontre de 2022 face aux Springboks.
Niveau héritage, elle ne surclasse sûrement pas la victoire contre les Néo-zélandais en 2021 au Stade de France. Pour cause, cette défaite n’a que peu servi aux Bleus lors de leurs retrouvailles avec les Springboks en Coupe du monde. À l’automne 2023, les champions du monde ont adopté un jeu plus restrictif, mais toujours aussi brutal, que celui observé à Marseille. À l’inverse de la rencontre face aux All Blacks, où l’histoire s’est répétée en début de mondial.
Un pack confirmé après la victoire
Dans le XV de départ, peu de changements ont eu lieu chez les avants français. Preuve en est, les titulaires alignés dans le pack sont sensiblement les mêmes d’une année à l’autre. Seul Julien Marchand, blessé, est remplacé par Peato Mauvaka. Dans ce secteur, les Bleus ont trouvé une stabilité. La victoire de 2022 avait sûrement aidé le staff tricolore à établir des certitudes, conservées sur un calendrier entier.
Par ailleurs, le changement le plus marquant, chez les avants, entre les Bleus vainqueurs en 2022 et ceux défaits en 2023 est certainement l’absence de Bastien Chalureau sur le banc. Avec le temps, Fabien Galthié a préféré prioriser des avants mobiles. Malgré la blessure de Paul Willemse sur les deux rencontres, celle de 2023 a vu un troisième ligne profiter de la place vacante. Par ailleurs, on remarque que Sipili Falatea a perdu sa place au profit de Dorian Aldegheri, qui s’était illustré face aux Anglais lors du Tournoi des VI Nations 2023.
Une concurrence clairsemée à l’arrière
Au niveau des lignes arrière, la charnière a connu un peu plus d’évolution. Dans la charnière, seule l’absence de Romain Ntamack propulse Matthieu Jalibert en tant que titulaire pour le quart de finale de 2023.
Au centre, la paire Danty-Fickou est toujours aussi indéboulonnable. Une vérité sur laquelle, la sortie prématurée du Rochelais en 2022 après la charge au sol de Pieter-Steph du Toit, sanctionné d’un rouge, n’aura pas eu d’impact. Aucun joueur n’étant capable d’apporter la même énergie que Jonathan Danty en tant que premier plaqueur.
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Par ailleurs, cette place à prendre n’aura pas été récupérée par Yoram Moefana. Titulaire en novembre 2022, le trois-quart polyvalent a petit à petit perdu du crédit dans la hiérarchie. Il avait glissé de l’aile vers le centre en début de match, sans vraiment réussir à s’imposer physiquement. Finalement, c’est l’autre polyvalent Louis Bielle-Biarrey qui s’est astreint, avec succès, sur l’aile opposée à Damian Penaud.
À l’arrière, la rencontre de 2022 a sûrement été le ciment l’installant durablement à l’arrière du XV français. Impeccable face aux Springboks, le Toulousain avait montré qu’il était le plus complet parmi tous les concurrents au poste, en plus d’être un excellent buteur. Il avait d’ailleurs inscrit 20 des 30 points tricolores durant la rencontre. Parmi tous les titulaires, le Toulousain est certainement celui pour qui cette rencontre a eu le plus d’impact sur la carrière internationale.
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