Ce week-end du 22 et 23 avril, le championnat professionnel russe reprend ses droits. Comme à son habitude, la première division revient sur le pré après la trêve hivernale. Habituellement comblée par les matchs internationaux, elle a cette fois paru un peu plus vide. Comme en 2022, la Russie est exclue de toute compétition internationale, en sélection ou en club. Ainsi, la sélection russe ne participe plus au Rugby Europe Championship (plus connu sous le nom de Six Nations B). De leur côté, les mastodontes Krasny Yar et Enisey-STM ne participent pas non plus à la Challenge Cup. Avec l’invasion de l’Ukraine, le lien entre le rugby russe et le reste de l’ovalie européenne s’est logiquement brisé. Mais alors, que devient la pratique du rugby roi dans ce pays en guerre ?
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La sélection à la dérive
Ayant participé à la dernière Coupe du monde de rugby par un heureux hasard, les internationaux russes avaient sûrement pour objectif de rempiler à l’automne 2023 en France. Mais voilà, le destin en a décidé autrement. Désormais, la sélection russe n’affronte plus aucune équipe reconnue par World Rugby ou Rugby Europe. Pour ne pas perdre la main, les sportifs se réunissent à quelques reprises et jouent des matchs amicaux. Leurs adversaires ? Des écuries compatriotes comme le Vityaz Rugby, club de la Major League russe, ou l’équipe nationale de Biélorussie, également suspendue. Cependant, la différence de niveau est telle que ces rencontres font office de démonstration, sans réussir à constituer de véritable challenge. Pour conserver un esprit de groupe, l’équipe nationale continue tout de même à organiser des stages d’entraînement.
Malgré ces efforts, la période habituellement prévue pour la fenêtre internationale n’a plus la même saveur. Dans un entretien accordé à la radio locale Krasnoyarsk FM, le demi d’ouverture d’Enisey-STM, Ramil Gaysin, évoque une période compliquée. Rapportés par le média russe Rugger, voici les mots de l’international russe : “Je note que cette année, sans matchs de l'équipe nationale, les vacances sont inhabituellement longues. Elles ont duré près de deux mois. C'était assez inhabituel, car nous sommes préparés à un régime d'entraînement et de jeu plus intensif. Certains gars ont même pris du poids à cause de cela. Mais en général, tout est en ordre et le rugby nous a beaucoup manqué.”
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En Russie, les clubs s’adaptent
Du côté du championnat, le rythme habituel se poursuit. Plus que cela, il devrait même s’adapter à la situation prochainement. Alors que les équipes se préparent actuellement à la reprise, avec des stages de préparation en Turquie ou au pays, les dirigeants discutent. Dès la saison prochaine (2023-2024), le calendrier devrait être bousculé, car désormais, il n’a plus besoin de s’adapter à celui de World Rugby. Ainsi, les clubs devraient reprendre un schéma plus adapté à leur météo et en différé du calendrier européen, soit de début mai jusqu’à la fin octobre. Dans un communiqué officiel, le président de la Fédération russe de rugby, Igor Artemyev, a évoqué les raisons suivantes pour justifier ce changement :
Nous avons réfléchi pendant très longtemps, mais nous pouvons maintenant formuler une proposition pour le prochain Conseil suprême afin de revenir au système que nous avons quitté il y a quatre ans. Après avoir rencontré les clubs du PARI Russian Rugby Championship, nous avons écouté les arguments des représentants de nos équipes. Ensuite, nous avons eu quelques réunions à la Fédération et nous avons examiné les coûts de la transition. Nous avons eu l'impression que nous devrions passer à un système de printemps et d'automne. Ce système est plus favorable d'un point de vue financier : il est moins cher pour la ligue et les équipes participantes. Notre proposition est de ne pas attendre trop longtemps. Dans le cas d'un transfert, nous aurons un long championnat intérimaire qui commencera en juillet 2023 et se poursuivra jusqu'en 2024. J'ordonne au conseil d'administration de la Fédération russe de rugby de préparer une décision sur le calendrier de la prochaine saison pour la réunion d'avril du Conseil suprême. La probabilité de passer à un système printemps-automne est presque de 100 %.”
Considéré comme l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, championnat de clubs d’une nation Tiers 2 dans le monde, le PARI Russian Championship se prépare donc pour affronter cette crise sur le long terme. Auparavant, les équipes russes avaient réussi de belles performances en Challenge Cup. Des équipes telles que les Newcastle Falcons, le Stade Français ou le CA Brive avaient déjà perdu en Russie. Reste à voir si le niveau des cadors du pays de Vladimir Poutine va dégringoler ou s’harmoniser.
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