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Simulation de Jelonch : le duel de la rédac sur ce geste critiqué

La simulation d'Anthony Jelonch pousse au débat. La rédaction a décidé de s'affronter en duel concernant ces actes.

La Rédaction 19/07/2021 à 12h00
Simulation ou influence ?
Simulation ou influence ?

Clément 

Tout allait bien, ou presque. Si le XV de France n’a pas remporté cette tournée en Australie, ces Bleus inexpérimentés ont signé un exploit monumental : une première victoire sur les Wallabies, chez les Wallabies, depuis 1990. Exploit qui passe presque au second plan en ce début de semaine, avec cette simulation d’Anthony Jelonch pointée du doigt par les locaux. Capitaine exemplaire, le futur Toulousain vient de mettre un coup à son image.

Mais au-delà de son cas personnel, on note que ces actes de simulation sont de plus en plus fréquents (coucou, Yoann Huget, on ne t’a pas oublié) dans un sport qui s’est longtemps moqué du cousin footballeur. Un comble. On sait les arbitres vigilants sur les chocs à la tête. Une très bonne chose. Que les rugbymen « jouent » de ces consignes en dit long sur ce qu’est en train de devenir ce sport.

Les valeurs du rugby n’existent plus depuis longtemps, mais elles n’ont visiblement pas fini de se faire piétiner.

La dernière phrase a été écrite par Jean-Christophe, 57 ans, conducteur de travaux à Balma

Oussama

Pleinement dans l'air du temps, le ballon ovale ne peut pas se dissocier des autres sports. Nous, rugbymen, aimons nous comparer au football sur les mauvais côtés, mais très peu sur les bons. Combien de fois a-t-on entendu "c'est pas du foot ici", même balancé par des arbitres professionnels à une heure de grande écoute. La "simulation" est une pratique courante dans le football, mais seuls les personnes n'ayant jamais fait de foot ne la comprennent pas, car les chocs semblent anodins. Un footballeur qui tombe est un footballeur qui a été touché. Point. Et la règle stipule clairement que l'excès de combativité est sanctionné. On y retrouve les bousculades, tenir un adversaire, tacler en touchant. 

Si au rugby, les actes d'anti-jeu sont beaucoup plus faciles à détecter avec l'arbitrage vidéo, il faut se poser la question du pourquoi un joueur "simule". Au football, un joueur qui simule tente d'influencer l'arbitre ou même lui faciliter la tâche sur sa prise de décision qui se fait en un dixième de seconde. Au rugby, l'arbitre est de plus en plus souvent critiqué et désormais même par les acteurs professionnels (entraîneurs, joueurs, présidents). Il existe une méfiance autour des décisions et chacun interprète la faute selon son point de vue. Pourtant, la règle est claire ? Pas tant que ça. Anthony Jelonch a sûrement voulu appuyer sur la dangerosité de l'impact, pensant que l'arbitrage ne lui serait pas si favorable que ça entre un carton jaune et un carton rouge. On peut donc se demander si avec des règles bien claires et une application commune, on ne verrait plus ce genre de comportement. Les règles sont des facilitateurs de jeu, et non des sanctions. 

Le rugby suit les lignes et continue d'évoluer, n'en déplaise aux puristes. Et comme disait Sartre, l'art n'a jamais été du côté des puristes.

Luern63
Luern63
J'avoue ne pas avoir lu toutes les interventions si mon commentaire vient en doublon je m'en excuse d'avance il ne s'agit pas d'une tentative de plagiat !!! Pour moi la faute est indiscutable et le cinéma aussi. La question qui se pose est pourquoi n'y a t'il quasiment jamais d'intervention de l'arbitre vidéo si les joueurs n'en font pas des tonnes ? Il faut savoir si on juge l'acte ou les conséquences de l'acte. Si le joueur ne reste pas au sol le jeu continu et souvent on ne revient pas sur l'action si il reste au sol cela occasionne un arrêt de jeu favorable à la vérification . A mon avis on n'est pas prêt de voir ces simulations s'arrêter car c'est l'intérêt du joueur victime et de son équipe je soupçonne même les entraineurs d'inciter fortement leurs joueurs à ce type de réactions .
Sent Junian
Sent Junian
Il est étonnant qu'un joueur comme Anthony Jelonch, apparemment irréprochable, se reconvertise subitement au cirque ! Le poids du capitanat ? Les briefings du staff ?
Gonze à l`eau t`es fada !
Gonze à l`eau t`es fada !
À partir du moment où certains considèrent que Ntamack a simulé en demi de top14 je pense que ce genre de débat n'a pas fini d'exister...
Chandelle 72
Chandelle 72
Jelonch au bien reçu un uppercut, on voit sa tête partir très brutalement en arrière. Pour une personne lamda, c'est le coup du lapin. Je ne comprends pas qu'il reprenne sa place après le protocole, si la priorité c'est la santé du joueur, il ne revient pas. Et on pourrait même aller plus loin, un joueur qui reste à terre dans le gaz, ne revient pas sur le terrain même s'il semble reprendre ses esprits au vestiaire. On assure la sécurité de ceux qui ont pris un gros choc et on limite les risques de simulation. A l'inverse, les courageux qui voudraient se relever rapidement, en titubant, seraient repérés, si t'es KO même 10 secondes, sortie définitive. Pour les autres cas le protocole commotion s'applique. Pour le joueur auteur d'un geste déloyal, arbitrage terrain, si l'arbitre n'a pas vu le geste, dans son dos, mal placé, l'arbitre vidéo prend la main ( pas à tout bout de champ non plus). En dernier recours la commission après le match peut boucher les gros trous de la raquette en motivant sérieusement sa décision surtout si elle revient sur une décision de terrain. Il faut vraiment limiter les tentatives d'intervention directes ou indirectes des joueurs auprès de l'arbitre car ça devient vraiment pénible parfois, cf Hopper dans ce dernier match et beaucoup de 1/2 de mêlée, entre autres.
Team Viscères
Team Viscères
Je trouve qu'Oussama a une argumentation plus appuyée et développée que Clément, mais c'est peut-être parce que je m'y retrouve plus (quand même, "bouh faut pas simuler, RIP les Valeurs®" c'est un peu court non?). Déjà le premier point à aborder si l'on se lance sur un tel sujet c'est celui relevé par plusieurs internautes, à savoir ce que l'on appelle exactement "une simulation". Pour moi on doit distinguer deux choses : simuler une faute et simuler les conséquences d'une faute. Les deux actions n'ont rien à voir, que ce soit dans les faits sur le terrain et dans les intentions du joueur en question. Dans le premier cas c'est par exemple Huget contre Bath il me semble, qui vient bousculer un joueur anglais puis quand celui-ci le repousse de la main fait comme s'il avait pris un coup de poing et se roule par terre en se tenant le visage (probablement l'action qu'avait Clément en tête en citant Bouclettes). Les faits : il ne s'est rien passé. Les intentions du joueur : il cherche à induire l'arbitre en erreur pour qu'il mette un carton "gratuit" à son adversaire. Il y a une volonté de léser l'adversaire. Dans le second cas on a un joueur qui subit une faute et souffre soudainement le martyr. Les faits : il y a une faute. Les intentions du joueur : "forcer" l'arbitre a voir la faute et "convaincre" l'arbitre qu'elle n'est pas négligeable. Il y a plutôt une crainte d'être lésé. C'est dans cette seconde catégorie que rentrerait Jelonch, et globalement la majorité des simulations au rugby (du moins pour l'instant). Il faudrait peut-être déjà commencer par utiliser un terme différent pour chaque catégorie pour ne pas donner de fausse impression. Jelonch en rajoute des caisses, mais il ne simule pas avoir pris une épaule dans la gueule pour autant : il a pris une épaule dans la gueule. L'intervention d'Oussama et la référence au foot est très intéressante, parce qu'au delà du jugement "bien / pas bien" cela se penche plutôt sur le "pourquoi". Le footballeur ne se tient pas la jambe après un tacle parce qu'il a mal, il se tient la jambe après un tacle pour montrer qu'il a été touché lors du tacle. Car sur le papier c'est interdit, peu importe que le tacle soit violent ou non, que le joueur touché ait eu mal ou non. Neymar est l'incarnation de la "simulation" dans le foot actuel, et ses roulades font plus que sourire. Mais derrière cette image de pleureuse il y a une autre vérité qui nous échappe quand on regarde la télé : Neymar prend des coups dans les chevilles et dans les tibias 30, 40, 50 fois par match mais n'obtient pas 30, 40, 50 coups francs pour autant. Il cherche donc à réduire cet écart en désignant à l'arbitre chaque contact qu'il subit et en lui indiquant que ces contacts ne sont pas aussi anodins qu'ils ne paraissent. Sur des jugements qui impliquent l'interprétation de l'arbitre dans le "tri" des fautes suivant leur gravité, les joueurs veulent peser sur la décision en matérialisant le fait qu'il y a bel et bien une faute. C'est exactement cela qui est en train de se banaliser dans le rugby. Les joueurs qui subissent un acte qui leur semble être une faute évidente cherchent à attirer l'attention de l'arbitre sur l'acte en question, parce qu'ils craignent que la faute soit passée à la trappe ou que l'arbitre penche vers la légèreté dans la sanction. Alors oui ce n'est pas très beau comme attitude. C'est certes moins dégueulasse que d'inventer une faute qui n'a pas lieu, mais ce n'est pas très moral pour autant que d'utiliser ses talents plus ou moins grands d'acteur pour tenter d'influencer l'arbitre. Déjà parce que c'est sous-entendre que l'arbitre n'est pas capable de faire son boulot si on ne l'aide pas, et aussi parce que c'est sous-entendre que les jeux d'influence autour de l'arbitre font partie du jeu. En fait on ne devrait pas voir cela sur le terrain, parce que le rugby/sport c'est le fair-play et le respect de l'arbitre. Sauf qu'il va falloir qu'on soit honnête avec nous-mêmes : nous sommes dans le rugby professionnelle. Arrêtons de nous bercer d'illusions avec des histoires de fair-play ou de respect de l'arbitre, seule la victoire compte. Pour les joueurs, pour les staffs, pour les supporters. Sur ce point j'aime bien la référence de Clément aux Valeurs, même si je n'en partage pas la conclusion : les Valeurs sont piétinées allègrement depuis des années, alors pourquoi partir soudainement en croisade parce que quelqu'un a oublié de mettre les patins avant de marcher sur les Valeurs? Un joueur qui cherche à faire pencher l'arbitre dans son sens c'est nul, mais le rugby a déjà intégré ce comportement depuis des décennies. Le 9 qui lève les mains pendant tout le match, l'entraineur qui mentionne tel registre du jeu adverse comme "à surveiller par l'arbitre" avant le match dans la presse voir auprès des arbitres, le président qui met la pression après le match en parlant de cabale arbitrale contre son club, tout cela existe depuis très longtemps et c'est parfaitement intégré, à moins qu'un des acteurs ne dérape vraiment plus personne ne le relève. Chercher à influencer l'arbitre fait partie du sport et du rugby. On peut trouver cela moche, mais c'est bien réel et absolument pas nouveau. Et c'est pareil pour le respect de l'arbitre : joueurs entraineurs et supporters se plaignent toute l'année parce que l'arbitre a oublié telle faute (contre son équipe) ou n'a pas été assez sévère sur telle faute (contre l'autre équipe). On peut trouver que c'est moche, mais c'est bien réel et il n'y a pas grand monde qui ne s'y adonne jamais. Défendre l'arbitre juste quand les joueurs en rajoutent sur des fautes réelles mais laisser passer tout le cirque le reste de l'année (voir y participer), c'est plus du folklore qu'autre chose. C'est comme le joueur amateur qui annonce tous les ans qu'il va revenir en forme pour la saison prochaine parce que ça fait bien de le dire mais revient avec ses +10 kilos et se planque lors de la préparation physique : on l'aime bien quand même, mais il se fout de notre gueule.
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