Si l’on vous dit Stade Rochelais, vous pensez ? Probablement Marcel-Deflandre, un pack de fer, Levani Botia et la ferveur des Bagnards. D’autres iront jusqu’à la génération Jone Qovu, Malietoa Hingano et Romana Graham, voire - pour les plus anciens - celle de Vialaret et Elissalde, sans oublier les historiques Vincent Merling et Thierry Lévêque, toujours à Port-Neuf depuis les années 90. Mais au-delà du Stade Rochelais qui conquiert l’Hexagone et plus encore aujourd’hui, connaissez-vous son histoire et ses origines, plus largement ? Croyez-nous, elles valent le détour.
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Bien avant la demi-finale de Champions Cup victorieuse face au Leinster (probablement le match le plus important de l’histoire du club), le Stade Rochelais s’est bâti dans l’anonymat le plus total. Sur des cendres, aussi. En 1939, secouée par les évènements à l’aube de son 40ème anniversaire, l’entité de l’Union SR voit un nouveau président nommé à sa tête : Marcel Deflandre. Un homme dynamique, leader dans l’âme et très impliqué dans la vie sportive locale, soucieux de redonner au club son identité première. Oui mais Deflandre, également directeur de la raffinerie de La Pallice depuis plusieurs années, va être impliqué de près dans l’évènement le plus meurtrier de l’histoire de l’humanité, la Seconde Guerre mondiale. Alors qu’il est sommé de quitter l’usine par les Nazis, l’homme de 40 ans va jouer un rôle important auprès du mouvement 'La Résistance', qui s'organise dans la région. Nommé grâce à sa verve et ses connaissances dans l’industrie du carburant comme chef de district du pool des carburants par l'autorité préfectorale, il profitera - entre autres - de la vue de son bureau donnant sur le Golf de Gascogne pour donner de précieuses informations sur les entrées et sorties des bateaux ainsi que sous-marins allemands à ses alliés résistants.
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On dit même que dès la fin 1942, après avoir intégré le groupe « Honneur et Patrie », il détourne d’importantes quantités de carburant et imagine l'installation de postes clandestins pour effectuer des opérations de sabotage. D’après le site « Resistance française », le président rochelais part pour Paris en septembre 1943 avec somme d'argent importante sur lui, parachutée par les Anglais à destination des résistants. Courageux, il signe là, sans le savoir, son arrêt de mort. A une époque où la délation foisonne, André Grandclément, chef de la région B, le trahit et il est arrêté à Niort un mois plus tard, avant d’être incarcéré à La Rochelle puis transféré à Bordeaux. Vous connaissez le sort que réservaient les Nazis à ceux qui tentaient de se mettre en travers de leur chemin… Après avoir été condamné à mort et à la confiscation de ses biens, muet, fier et solidaire, Marcel Deflandre sera fusillé par les Allemands au camp de Souge, le 11 janvier 1944, comme 19 de ses codétenus. Le site commémoratif de préciser qu’ils auraient quitté les cellules du Fort du Hâ en chantant La Marseillaise…
La forteresse de Marcel-Deflandre
Près de 80 plus tard, l’ancien stade du Port-Neuf porte ainsi toujours le nom de Marcel-Deflandre, lui qui fut renommé ainsi dès 1947 en l’honneur de son ancien président. Avec ses tribunes à l’anglaise aujourd’hui composées de 16 000 places, l’écrin de La Rochelle est considéré comme l’une des forteresses les plus intimidantes du Vieux continent : entre mars 2019 et février 2021, le club maritime y est par exemple resté invaincu en empochant 20 victoires consécutives, avant de rendre les armes face au Stade Toulousain (11 à 14). Avec 10,9 points de moyenne encaissés par match à domicile seulement, les Jaunes et Noirs y sont d’ailleurs (de loin) la défense la plus hermétique du Top 14 cette saison. Pour comprendre - s’il le fallait encore - le supplément d’âme qui anime ce stade, ce club, cette ville, l’excellent média anglophone « The XV » écrivait la semaine passée, en prélude de la demie européenne : « (A Deflandre) Les billets ne sont pas bon marché, les sponsors sont pleins à craquer et la haute cuisine du restaurant de la tribune principale connaît un succès énorme. Mais certaines choses restent pures; la forteresse de La Rochelle a une valeur trop importante pour être galvaudée. C’est pourquoi le Leinster devra exploiter toutes les failles ce week-end pour franchir ses remparts. »
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Neuvième budget du Top 14, niché au milieu d’une ville de 75 000 habitants, le Stade Rochelais n’a pas les moyens des monstres historiques de l’Hexagone. Mais le club à la caravelle symbolise encore un peu l’esprit du rugby de clocher et lutte toujours contre l’envahisseur aux gros chéquiers, le Leinster a payé pour le voir. Il dispose surtout d’une enceinte à l’histoire si particulière, dont vous le savez, les principaux supporters se nomment « les bagnards » en référence aux anciens condamnés qui, avant d’être déportés dans les colonies françaises, ont longtemps transité par les bagnes de La Rochelle et de l’île de Ré. Une citadelle implantée au milieu d’une ville à l’histoire si obsidionale, que les Allemands avaient d’ailleurs choisi comme principale base navale durant l’occupation. Vous avez dit forteresse ?
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