Posons les bases d'entrée : non, ce papier ne sera en rien à charge gratuite contre le RCT. Aujourd'hui, si le club au muguet patauge encore, il semble être entré dans une nouvelle dimension - au moins médiatique - en s'offrant des joueurs à la hauteur de ses ambitions. Pourtant, aux prémices de cet exercice 2021/2022, il faut bien reconnaître que ce Toulon-là est encore en rodage et risque fort, au grand dam de ses supporters, de n'être en pleine possession de ses moyens que dans un bon moment.
Aujourd'hui, par-delà le contexte et les impondérables, sur lesquels nous reviendrons ci-après, le triple champion d'Europe ne pointe qu'à la 10ème place du championnat après 4 journées, avec 8 points au compteur. Rien d'alarmant, au vu du potentiel de cette formation, mais vous le savez, le Top 14 est plus que jamais ce marathon plus impitoyable que jamais, lors duquel il convient de ne prendre aucun retard comptable. D'autant plus quand on sait que les partenaires de Gabin Villière affronteront ni plus ni moins que Castres (revanchard après sa rouste subie à Paris), le Racing et La Rochelle lors de 3 de leurs 4 prochaines rencontres.
TOP 14. VIDEO. Facundo Isa marche sur la charnière parisienne et Toulon roule sur le Stade FrançaisAinsi, c'est le réalisme qu'il convient aujourd'hui de pointer du doigt. À ce sujet, lucide, le manager Patrice Collazo l'a fait bien avant nous, déjà au sortir de la victoire bonifiée face au Stade Français (38 à 5) il y a une dizaine de jours, alors que Toulon aurait pu (dû ?) en planter au moins le double. "Le seul bémol, c'est la finition et les zones de marque, expliquait-il pour nos confrères du Midi Olympique. Ce qui me dérange c'est la précipitation, le manque de précision." Il est vrai qu'une semaine plus tôt, sur la pelouse d'Ernest-Wallon, le même mot d'ordre prévalait déjà à l'issue de la déculottée encaissée face à Toulouse : efficacité.
TOP 14. Boudjellal sort la sulfateuse et dézingue Toulon après sa défaite face à Perpignan !Finalement, est-ce le retard à l'allumage dans son jeu offensif et le manque de réalisme qui expliquent les maux toulonnais à l'heure d'écrire ces lignes ? Probablement en grande partie. D'ailleurs, Sergio Parisse ne pouvait pas être plus clair au moment de pointer les failles toulonnaises en ce début de saison pour la presse : "Il y a des matchs ou nous n'auront pas autant d'opportunités et où il faudra être plus pragmatiques, réalistes, soulignait-il après la victoire bonifiée face aux Parisiens. Aujourd'hui nous avons gaspillé pas mal d'opportunités : le score est en notre faveur mais il y aura des fois où ce sera beaucoup plus serré et où il ne faudra pas laisser de point en route. Sinon, nous le paierons cash." Une tirade presque en guise de prémonition, à en voir la purge face à Perpignan, où les Toulonnais, une nouvelle fois très maladroits malgré une belle présence dans les autres aspects du jeu, ne durent finalement leur défaite qu'à eux-mêmes....
Mes amis, mes amours, mes emmerdes
Mais bien sûr, pour voir au-delà de ce que les faits veulent bien montrer, il est également nécessaire de tenter de trouver des explications à ces manquements. Aujourd'hui et qu'on le veuille ou non, le RC Toulon compte toujours une petite douzaine d'absences. Et non des moindres, puisque outre les Devaux, Roux, Tolofua ou Warion, manquent aussi à l'appel les cadres Charles Ollivon, Eben Etzebeth, Baptiste Serin, Duncan Paia'aua ou encore les deux finisseurs venus du sud : Jiuta Wainiqolo et bien sûr Cheslin Kolbe. Depuis peu, Isa et Parisse ont, eux aussi, rejoint l'infirmerie, et l'on comprend ainsi aisément mieux qu'il soit difficile de construire son jeu, de trouver des automatismes et de peaufiner les réglages et le reste lorsqu'il vous manque le tiers de votre effectif.
D'autant que, calice jusqu'à la lie, un garçon polyvalent et talentueux comme Anthony Belleau semble avoir du mal avec l'idée de jouer autre chose qu'ouvreur, malgré la pénurie au poste de centre. "On me pose souvent la question (de ne pas aligner Louis Carbonel et Anthony Belleau ensemble, ndlr). Nous pouvons jouer avec Antho Belleau en numéro 12, ça matche avec Carbo. Nous en parlons avec lui. Mais ça ne sert à rien de forcer un joueur s'il ne veut pas évoluer à un poste, c'est le meilleur moyen pour qu'il ne soit pas dans son match", expliquait l'entraîneur des skills Julien Dupuy pour Var-Matin. Et si ce dernier assure que cela pourrait tout de même se faire prochainement, l'on se dit que l'international aux 12 sélections aurait quand même tout intérêt à ranger son ego pour le bien de l'équipe, d'autant qu'il nous l'a prouvé par le passé ; il peut faire office d'excellent 5/8ème.

Bien sûr, il resterait aux Toulonnais à continuer de trouver des repères commun, d'être concentrés durant 80 minutes et de s'appliquer jusqu'au bout dans les transmissions. Mais plutôt que de faire jouer des garçons peu habitués du poste et débarqués seulement à l'intersaison (Salles, Septar Smaili), on jurerait qu'un trio 10 - 12 - 13 fait de Carbonel, Belleau et Hériteau aurait au moins de mérite d'assurer certains automatismes et de la fluidité. L'an passé, il se disait du côté de Toulon que l'effectif manquait de profondeur. Renforcé, il serait dommageable que l'on dise cette fois qu'il n'aura été qu'un vaste gâchis.