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Top 14. Analyse. La défense sur maul, le pari gagnant du Stade Toulousain

Réputé pour être impitoyable, le pack de La Rochelle a fait souffrir Toulouse en mêlée durant cette finale. Beaucoup moins sur les mauls…

Alexis Brochot 20/06/2023 à 09h55
Les Toulousains n'ont pas perdu la bataille des mauls, bien au contraire. Crédit image : Screenshot France TV
Les Toulousains n'ont pas perdu la bataille des mauls, bien au contraire. Crédit image : Screenshot France TV

Si vous avez suivi le Stade Rochelais cette saison, vous n’avez pas été surpris par la puissance dégagée par le 8 de devant au stade de France, en finale du Top 14. Un monstre à 16 pattes, qui après avoir marché sur l’Europe depuis 2 ans maintenant, voulait soulever son premier bout de bois ce samedi. Mais voilà, aux termes d’un dénouement épique, c’est bel et bien Romain Ntamack et les siens qui sortirent de cette rencontre les mains levées. Un succès construit tout d’abord grâce à une défense impitoyable sur l’homme, mais aussi grâce à une excellente stratégie sur les mauls portés, force des Rochelais cette saison. En effet, nombreuses sont les équipes qui ont subi la loi du pack des Maritimes dans ce domaine. Mais voilà, le Stade Toulousain (qui est d’ailleurs également très efficace dans ce secteur de jeu) s’était préparé à un tel combat, et a répondu comme il se doit, c’est-à-dire en champion. Jamais pénalisés sur cet axe (au contraire de La Rochelle, sanctionnée une fois), les rouge et noir ont même réussi à faire douter Alldritt et ses coéquipiers, qui ont dû s'adapter en déviant davantage le ballon en première main. C'est bien simple, sur les 7 mauls portés de La Rochelle, aucun n'a directement amené des points. Un contraste assez parlant, surtout lorsque l'on compare cette rencontre à la demi-finale, où les Bordelais n'avaient rien pu faire pour stopper le rouleau compresseur jaune et noir.

TOP 14. EDITO. Romain Ntamack, ou quand le génie l'emporte sur l'enjeuTOP 14. EDITO. Romain Ntamack, ou quand le génie l'emporte sur l'enjeuUne organisation léchée

Lorsque vous faites face à des joueurs comme Atonio, Skelton, Alldritt ou Bourgarit, vous devez impérativement trouver la bonne stratégie, afin de ne pas passer une sale soirée. Et cette stratégie, le Stade Toulousain l'a appliquée à la perfection. Tout d'abord, Roumat et les siens ont misé sur l'alternance : un coup ils attendaient en bas pour vite mettre la pression, un coup ils décidaient de sauter pour surprendre l'alignement rochelais. Résultat, trois touches maritimes ont été chahutées, ce qui a obligé Kerr-Barlow à temporiser le jeu en remettant une cellule d'avants. Mais le plus impressionnant, fut lorsque les Toulousains défendaient ''en bas''. En effet, ces derniers ont souvent décidé d'envoyer un ou deux joueurs pour s'infiltrer dans le maul, que ce soit dans l'axe par la poussée, ou bien en anticipant la transmission entre le sauteur et son coéquipier, avant même que le maul se forme. L'image ci-dessous l'illustre parfaitement. Alors qu'ils sont acculés juste devant leur ligne, les Toulousains, par l'intermédiaire de Cros et de Meafou, décident de s'infiltrer dans le maul rochelais. Un placement rêvé, qui va couper le porté en deux, et par la même occasion stopper l'avancée des Bagnards. D'ailleurs, sur cette action précise, François Cros a bien anticipé en s'engouffrant entre plusieurs joueurs rochelais, et ce avant même que le maul ne prenne forme. Un choix risqué, étant donné que le joueur qui l'effectue peut facilement se retrouver en position de hors-jeu, mais qui a néanmoins payé sur cette situation. 

FINALE TOP 14. La dernière action de La Rochelle, une faillite collectiveFINALE TOP 14. La dernière action de La Rochelle, une faillite collectiveEmmanuel Meafou, un rôle prépondérant

Si samedi, le Stade Toulousain s'est souvent permis de ''sortir'' un ou deux joueurs afin de s'engouffrer dans le maul adverse, c'est avant tout grâce à la puissance et la technique de l'entièreté de son pack. Une confiance qui s'est également traduite sur les deux premières situations du match. Alors que les Rochelais avaient enclenché la marche avant, les hommes d'Ugo Mola ont accepté de reculer, sans se mettre à la faute, avant de mieux se repositionner dans l'axe. D'ailleurs, ces deux mauls portés furent les seuls où les Stadistes ont concédé du terrain. Et forcément, lorsque l'on évoque ce domaine, comment ne pas parler du géant Emmanuel Meafou. Encore très bon ce week-end, le peut-être futur international du XV de France a su faire parler sa puissance lors de ces phases de jeu, en monopolisant à lui tout seul plusieurs joueurs rochelais. Une manière de désintégrer les cocottes adverses, comme sur cette image où Meafou fait face à 4 adversaires. Résultat, le maul de La Rochelle perd en consistance, et Kerr-Barlow doit vite éjecter le ballon afin de ne pas rendre le ballon aux Toulousains.

Mais voilà, réduire la défense des mauls à un seul joueur serait une insulte envers les autres avants du Stade Toulousain, qui ont tous su se positionner bien bas et pousser fort dans l'axe, sans jamais se mettre à la faute. Autrement dit, sans la prestation des 7 autres joueurs, celle de Meafou n'aurait servi à rien. D'ailleurs, c'est bel et bien une poussée collective (orchestrée par Cyril Baille notamment, qui a l'intelligence de désaxer le maul vers la touche) qui amena l'en-avant de Danty, et donc le premier essai de Toulouse, signé Chocobares.

FINALE TOP 14. Kerr-Barlow et Chocobares au sommet, Danty et Aldegheri dans le dur !FINALE TOP 14. Kerr-Barlow et Chocobares au sommet, Danty et Aldegheri dans le dur !En définitive, le Stade Toulousain a su résister aux diaboliques mauls du Stade Rochelais, et ce de la première à la dernière minute. Comme un parfait résumé de cet affrontement de titans, qui, s'il ne nous a pas offert les plus grandes envolées, nous aura en revanche servi une intensité dingue, jumelée à un scénario hollywoodien...

oscarbp
oscarbp
super analyse, qui répond à mes interrogations sur la non réaction de l'arbitre, ils n'étaient pas hors jeu puisqu'il n'y avait pas encore formation du groupé... ça demande de la vitesse d’exécution .
Jak3192
Jak3192
Merci pour cet article très intéressant 👍
MAKABIAU
MAKABIAU
Ce n'est pas ce match qui va me rassurer pour la CdM si on doit rencontrer les IRL ou les SdAf On a bien vu samedi, et l'article le décrypte très bien, que LR a appliqué la même stratégie tout au long du match, ce qui lui a été fatal. En ne prenant une autre option au moment où le ST était au plus mal, ils n'ont pas réussi à tuer le match et se sont laissés rattrapés puis dépassés. Il faut rappeler qu'ils ont fait à l'identique avec le Leinster, mais celui-ci a un style un peu similaire à celui de LR. C'est le plus costaud des deux qui a gagné, mais il ne faut pas oublier que LR a gagné ses 2 finales en toute fin de match... Si le ST a trouvé la bonne stratégie (+ un coup de génie) contre LR, comment se fait-il qu'ils n'aient pas réussi contre le Leinster ? Le Leinster joue-t-il plus et plus vite que LR ? Ca renvoie à l'EdF, qui manifestement ne joue pas comme LR et qui a été dominée par les IRL Ca laisse beaucoup de questions en suspens ....(tout comme la mêlée du ST qui a été très dominée, ce qui est étrange)
pascalbulroland
pascalbulroland
C'est exactement sur ce genre d'action où la défense toulousaine a été primordiale J'ai eu l'impression que les rochelais , voyant la plupart de leurs mauls bloqués , sortaient les ballons trop vite et un peu maladroitement... En réalité, combien de bons ballons a eu Hastoy, je veux dire sans pression ou au moins bien donnés..? D'ailleurs, si la charnière toulousaine a été discrète, sa vis à vis n'a pas non plus été transcendante Certes on a vu Kerr-Barlow dans un fauteuil , mais regardez bien les ballons qu'il a exploité, ils n'ont pas donné grand chose quand on voit la domination de son pack tout le long du match En fait pour moi, La Rochelle a perdu ce match plus que Toulouse ne l'a gagné...
RNP
RNP
Autre point souligné par L. Travers (interview Rugbyrama) qui m'avait vraiment étonné lors de la finale de la CE lors de laquelle les Leinstermen avaient laissé Skelton prendre bcp de ballons en touche plutôt de que mettre systématiquement un sauteur en face. Le Stade a, lui, décidé de mettre systématiquement Roumat en face de Skelton ce qui a obligé les rochelais a changé leurs zones de saut et rendu la construction des mauls plus difficiles.
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