Bien évidemment, le départ de Kolbe est une perte conséquente pour les rouges et noirs. Peu de joueurs évoluent au standing de celui de l’ailier sud-africain. Il y a un peu plus d’un an, la légende all black à ce poste, Joe Rokocoko, le qualifiait de “meilleur ailier du monde” dans un entretien accordé à Sport 24. Désormais, les bases sont posées : Kolbe va manquer au Stade Toulousain comme il manquerait à n’importe quelle autre équipe du monde après un départ. Cependant, il reste quelques bons éléments au club de la ville rose pour l'aider à conserver ses titres cette saison.
La polyvalence, une lame à double tranchant
Rappelez-vous, en 2019 le Stade Toulousain domine le Top 14 et bat de nombreux records. Un élément mis en avant ? Sa polyvalence. En effet, bons nombres de titulaires de l’effectif rouge et noir sont habiles à plusieurs postes, et ceci particulièrement à l’arrière. Médard pouvait évoluer à l’aile; Kolbe était aussi à l’aise près de la ligne qu’à l’arrière; Guitoune sait jouer à tous les postes sur la ligne de ¾; etc. Un choix de roi qui permettait même à Ugo Mola de faire jouer Antoine Dupont en 10 pour laisser Sébastien Bézy prendre une place bien méritée à la mêlée. L’ancien seconde ligne du club, David Gérard, confiait dans un entretien à Rugbyrama à l’époque : "Le Stade change de visage mais avec toujours la même ligne de conduite". Plus récemment, Thomas Ramos prenait place à l’ouverture dans l’urgence pour signer une partition de haute volée pour le plus grand malheur du peuple rochelais.
RESUME VIDEO. Ramos, Kolbe et le Stade Toulousain douchent les espoirs de Brennus des Rochelais
Cependant, cette polyvalence n’est pas que bénéfique. Ugo Mola le disait lui-même en juin 2019 à Rugbyrama : "la polyvalence peut-être une faiblesse en termes de spécialisation. Quand un garçon passe à côté, il faut vite rectifier le tir avec du coaching pour reprendre le fil du match. Ce sont les qualités de nos défauts et les défauts de nos qualités." Une arme à double tranchant que le départ de Kolbe aidera sûrement à aiguiser, malheureusement pour les rouges et noirs.
Un choix plus que limité
En effet, avec le départ du champion du monde, il ne reste que deux spécialistes aux ailes. Une configuration qui ne tient donc qu’à un fil, ces choix-là n’étant d’ailleurs pas des plus sécurisants. Les deux spécialistes du poste mentionnés sont : Matthis Lebel et Arthur Bonneval. Si dans les deux cas, les compétences sportives ne font aucun doute, c’est dans d’autres circonstances que ces joueurs peuvent inquiéter.
Pour Arthur Bonneval, qui avait fini second meilleur marqueur du championnat il y a deux ans, les pépins physiques semblent ne pas l'épargner. Encore la saison dernière, il se blesse à la reprise de l'entraînement. Avec seulement 71 minutes cumulées en 2020-2021, on peut presque parler de saison blanche pour le joueur formé au club. Si il a désormais le champ libre en termes de concurrence, le club aurait tout intérêt à le ménager pour éviter une nouvelle rechute.
Stade Toulousain. Arthur Bonneval out 6 mois avant même le retour du Top 14
Du côté de Matthis Lebel, le problème est tout autre. Pour l’instant, il est même seulement virtuel. En effet, le meilleur marqueur français du championnat aurait parfaitement le droit de rêver à des ambitions internationales. Si sur le papier, une des places à l’aile semble verrouillée par Gabin Villière, qui se remet encore de blessure, l’autre côté semble peiner à trouver un preneur fiable. Les habituels prétendants sont connus, il s’agit de Damian Penaud et Teddy Thomas. Mais les deux joueurs ont du mal à convaincre. Si les atouts offensifs des deux internationaux semblent plus que suffisants, c’est dans le secteur défensif qu’ils souffrent. Un domaine où le jeune toulousain semble plus à l’aise que ses deux rivaux. Selon les statistiques de la LNR, il effectuerait beaucoup plus de plaquages (réussis à 87%) que ces deux homologues. Dans le jeu de “dépossession”, comme on a tendance à l’appeler, pratiqué par les Bleus, le champion du monde U20 pourrait facilement trouver sa place. S’il venait donc à être appelé, les rouges et noirs se retrouveraient donc avec un seul ailier disponible…
Les jeunes poussent à la porte
Ne vous inquiétez pas, “la cavalerie est arrivée” comme dirait un héros à la mèche blonde. Si les deux joueurs cités précédemment ne sont déjà pas très vieux, ceux qui arrivent sortent tout juste de l’emballage. La saison dernière les amateurs de “crack” ont pu en observer quelques-uns dans les lignes arrières toulousaines. Un match en particulier a permis de démarrer les hostilités : la rencontre face au Castres Olympiques dans le Tarn.
Top 14. Ne pas se qualifier pour les phases finales avec 69 points comme Castres, un ''raté'' record ?
Alors que les Castrais connaissent une seconde partie de saison magistrale, le Stade Toulousain arrive avec une équipe largement remaniée. Que ce soit les médias où les supporters, pas grand monde espérait voir les Toulousains revenir avec des points. Une habitude chez Ugo Mola, le manager ayant l’habitude de faire une (voir deux) grosses impasses par saison pour reposer un effectif au quota d’international bien chargé. On se rappelle par exemple de la rencontre face à Montpellier, en 2018, où Piula Faasalele et ses coéquipiers s’étaient pris une vilaine rouste par les Cistes. Lors de cette rencontre, Louis Picamoles avait même inscrit l’unique quadruplé de sa carrière face à son ancien club. Cependant, pour la rencontre face au rival tarnais, les minots du Stade ne comptaient pas se laisser faire. Et ce sera chose faite, par l’intermédiaire de Delibes, Lebel et Flament, ils ne perdent que de deux points et glanent le bonus défensif. On se souviendra plus particulièrement de l’essai de Lebel, une contre-attaque de plus de 100 mètres très bien négociée par la nouvelle garde toulousaine.
Ridiculous try from their own line by Toulouse’s youngsters today
— Paul Eddison (@pauleddison) April 17, 2021
The four players involved:
Marty (23)
Germain (20)
Riguet (20)
Lebel (22)
The future looks bright even if Castres edged the derby
pic.twitter.com/yXBhboFGLu
Donc, il y a de la matière, mais peut-elle remplacer l’électrique sud-africain ? Il faudra du temps et beaucoup de chances pour espérer revoir un tel joueur côtoyer la ligne de touche d’Ernest Wallon. Mais pour autant, il serait alarmiste de s’inquiéter. Le premier nom qui sonne aux oreilles des Toulousains sera sûrement celui de Nelson Epée. Cependant, nous révélions il y a quelques jours que l’international tricolore U20 devrait normalement intégrer l’équipe de France de Rugby à 7 pour une durée de 6 mois. Un prêt qui pourrait être remis en question ? Compliqué à dire… Cependant, d’autres noms comme Riguet, Delibes, Renda ou même Lucas Tauzin pourraient suppléer à ce rôle. La plupart de ces joueurs sont inscrits comme des centres mais peuvent aisément aider sur l’aile. Le problème de la polyvalence et des spécialistes revient alors. Il est cependant moins gênant. Les jeunes joueurs étant encore malléables et issus du moule toulousain, ils ont encore beaucoup à apprendre et un changement de poste semble moins pénalisant. La carrière de certains joueurs en a été grandie, des Rougerie, Poitrenaud ou plus récemment Penaud sont passés par là et peuvent en attester.
