Qu'il semble loin, ce jour du 12 juin 2021, quand dans la fournaise d'Aguilera, le Biarritz Olympique retrouvait le Top 14 à l'issue d'un derby légendaire face au voisin Bayonnais, terminé par un tir au but victorieux de l'emblématique Steffon Armitage. Des scènes, qui contrastent avec la réalité du moment, quand les Bayonnais, un an après leur descente, remportent le titre de Pro D2 pour s'offrir une remontée express à l'étage supérieur, a contrario des Biarrots, condamnés depuis belle lurette, et plongés dans les abysses du Top 14. La vérité d'un jour n'est pas celle du lendemain et passé l'euphorie, force est de constater que le Biarritz Olympique a souffert, énormément souffert, au sein d'un Top 14 trop exigeant. Alors certains diront qu'ils s'en doutaient, que les explications sont multiples, qu'avec un budget limité, il était impossible de lutter face aux mastodontes de l'Hexagone. Pourtant, en début de saison, le peuple biarrot s'était mis à croire à une nouvelle folle aventure de ses protégés après une superbe victoire face à l'UBB lors de la première journée dans un Aguilera chauffé à blanc. Avant de récidiver face au Racing 92, et de passer tout près de l'exploit contre Toulouse. Oui, mais après, les Basques se sont essoufflés, pour finalement conclure cet exercice à une triste dernière place, 19 points derrière l'USAP, treizième. Alors, le BO a-t-il définitivement dit adieu au Top 14 ?
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D'aucun ne s'en cachera. Revoir le BO de retour en Top 14 l'été dernier, après 7 ans passés dans l'antichambre de la plus grosse division française, a forcément suscité énormément d'attente. Car qu'on le veuille ou non, le Biarritz Olympique reste le plus gros club des Pyrénées-Atlantiques avec 5 titres de champions de France (contre 3 pour Bayonne), une Challenge Cup et des finales légendaires de Coupe d'Europe face au Munster ou Toulouse. Une équipe historique de notre championnat donc. Mais force est de constater, qu'à l'heure actuelle, il est de plus en plus difficile pour un club comme le BO d'exister au plus haut niveau. Jean-Baptiste Aldigé, le président du club a, à maintes reprises, visé la mairie, affirmant que celle-ci ne voulait pas d'un club professionnel à Biarritz. Pour le Quotidien du Sport en début de saison, il s'expliquait.
Exister, montrer que le rugby professionnel a sa place à Biarritz. Aujourd’hui, c’est loin d’être évident. On affronte 13 autres clubs qui ont des soutiens différents avec leurs collectivités. Nous, chaque jour et c’est toujours le cas en Top 14 on se bat pour exister et prouver qu’on a notre place ici. Au niveau de la municipalité, à Biarritz, le plan c’est pas de rugby professionnel, c’est du rugby amateur. Et le rugby professionnel au Pays Basque doit se situer à Bayonne.
Sans oublier que le président s'est, plusieurs fois, plaint des infrastructures dignes d'une équipe de Fédérale selon ses dires. À la fin de la rencontre à Toulouse, dimanche dernier, dans des propos repris par Rugbyrama, il déclarait : ''Par nos infrastructures et nos moyens, nous sommes clairement en Pro D2. Par l’envie, la formation, le talent de nos jeunes, l’engouement de la ville depuis un an, notre place est en Top 14. Pour nous une année en Top 14, même comme celle-ci, c’est une année de vie. Financièrement, rugbystiquement, c’est une année de gagnée. Il faut la fructifier''.
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Sans oublier non plus les nombreux conflits en interne qui ont émaillé le club, entre la mairie et la Sasp, ou entre cette dernière et l'association. Bref, vous l'aurez compris, difficile pour les joueurs d'évoluer dans un tel climat. Et dans un rugby qui se veut de plus en plus professionnel, avec les moyens, et les infrastructures actuelles, difficile de se faire une place au sein de l'élite. Alors le BO a-t-il définitivement dit adieu au Top 14 ? Non. Certes, il faudra se mettre rapidement à la page du professionnalisme pour espérer des jours meilleurs. Et pour cela, le club et la mairie se doivent, dans un premier temps, de trouver un terrain d'entente sous peine de voir le BO errer en Pro D2 durant de nombreuses années.
Au niveau sportif, la formation basque, qui a vu partir certains de ses joueurs cadres, pourra cependant s'appuyer sur une base solide d'éléments encore au club et a de quoi tenir la dragée haute aux futures grosses écuries du championnat (Provence Rugby, Nevers, Mont-de-Marsan ou Perpignan, etc). Les Soury, Dyer, Dixon, Jalagonia, Cubelli, Herron ou autres Lonca devront permettre au club de viser le haut du tableau. Sans parler des jeunes prometteurs que sont Joe Jonas ou Baptiste Erdocio. Au niveau des recrues, Joe Tomane, Baptiste Germain ou Nafi Ma'afu devront apporter un plus. Mais d'autres renforts sont bien évidemment attendus d'ici là sur la côte basque. Que l'on soit clair, Biarritz n'aura certainement pas le plus gros budget de Pro D2, à l'inverse de Bayonne par exemple cette saison. Il est toujours très difficile de faire l'ascenseur, et il faudra sûrement un temps d'adaptation. Mais quoi de mieux que l'exemple montois pour s'apercevoir qu'avec des moyens limités, il est tout à fait capable d'exister en seconde division et jouer les premiers rôles. Pour cela, le BO se devra aussi de former et sortir de jeunes joueurs du cru. Et s'il a l'opportunité de remonter en Top 14 à la fin de saison, alors le Biarritz Olympique devra, cette fois-ci, se donner les moyens d'exister à haut niveau.
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