La saison vient à peine de reprendre, mais les débats autour du salary-cap continuent d’animer le rugby français. Après Antoine Dupont puis Grégory Alldritt, c’est désormais Matthieu Jalibert, l’ouvreur international de l’UBB, qui prend position. Et comme souvent, le Bordelais n’a pas la langue dans sa poche.
RUGBY. Après la polémique du Salary Cap, Grégory Alldritt vient au soutien d'Antoine Dupont“Antoine a parlé pour lui mais aussi pour tous les autres. Encore une fois, ça ne concerne pas seulement les internationaux. Ce salary-cap est parfois trop intrusif. On nous demande toutes nos rémunérations sur nos contrats perso.”
“C’est important que nous, les joueurs, on soutienne Antoine”
Dans les colonnes de L’Équipe, Jalibert s’est exprimé sans détours : “Je suis totalement d'accord avec sa sortie. C'est important que, nous les joueurs, on soutienne Antoine parce qu'on pense la même chose.” Une déclaration forte, qui fait écho à la prise de parole du capitaine des Bleus, critique envers un système jugé trop rigide.
Le salary-cap est une bonne mesure... mais il a ses dérives
Le Bordelais reconnaît les vertus du salary-cap, fixé à 10,7 millions d’euros : “Il permet une plus grande équité entre les clubs et donc de niveler le niveau du Top 14.” Mais il déplore aussi ses effets pervers : “Il est parfois bloquant et injuste pour certaines situations individuelles.” Notamment à cause des restrictions sur les contrats d’image, qui limiteraient selon lui la valorisation des joueurs.
Notre voix est écoutée et il est important de la faire entendre. Tous les joueurs doivent prendre conscience que ce système les bloque. Le but est qu'ils soient avantagés à leur juste valeur.
“Ça nous retire vraiment des possibilités”
Jalibert cite l’exemple des sponsors de l’UBB : “Si un des gros partenaires veut faire signer un contrat d'image à un joueur, il serait obligé d’en référer au président. Et s'il y a un deal, il serait forcément intégré au salary-cap alors que ça n'a absolument rien à voir. Ça n'entre pas dans le cadre de notre activité de joueur de rugby. ” Un frein, selon lui, à la reconnaissance économique des joueurs.
''Une chasse à la sorcière problématique et ridicule'', Dupont dégaine contre le salary-cap, la LNR contre-ruckeLe n°10 de l’UBB insiste : il ne s’agit pas d’un rejet du système, mais d’un appel à la nuance. “On n’est pas contre le salary-cap, mais contre certaines de ses applications que l’on trouve exagérées. On sait qu'il y a peut-être eu des abus avant mais tous les joueurs paient aujourd'hui le passé de certains clubs qui ont appelé à ces règles. Il faut aussi nous faire confiance, à nous les joueurs, de temps en temps. ”
Un message clair, partagé par plusieurs internationaux, qui relance un débat aussi rugueux qu’un duel dans les 22 mètres.
Alors que notre rugby lui a plutôt une économie paradoxale et Patrick Wolff a mis le doigt là où ça fait mal
« Historiquement, le sport n’est pas une activité dans laquelle on cherche à optimiser ses profits. En sport, on cherche à gagner des titres, donc à s’imposer à la concurrence. C’est très différent du monde de l’économie classique où il y a une situation de concurrence, certes, mais surtout un objectif supérieur : le profit. Pour le dire plus clairement, une entreprise qui est la deuxième mondiale dans son secteur et fait d’énormes profits est une entreprise gagnante. En sport, un club qui fait des profits et termine deuxième de sa saison, il a perdu. Voilà la nuance qui n’en est pas une. C’est une immense différence. »
Ben oui seul le champion de France ou d’Europe semble avoir réussi leurs saisons
Et nos chers présidents ont naturellement une tendance à mélanger économie et compétitivité sportive
Pire : la tentation de se servir du levier économique pour leurs propres intérêts de compétitivité sportive en mettant des bâtons dans les roues de leurs concurrents
Et la LNR peut donner le sentiment en fonction de tel ou tel président ou bureau de favoriser les intérêts d’une partie des clubs au détriments des autres
Bouscatel était étiqueté proche et condescendant avec le haut du panier du Top 14 , Joubert lui a fait campagne sur des clubs médians et surfant sur l’affaire Jaminet : Moi président plus jamais ça 😮n va être impitoyable avec les tricheurs
Et voilà que nos clubs médians se sont mis en tête de diminuer la compétitivité du ST en particulier en diminuant l’indemnité des internationaux
Car cela permet à Toulouse mais aussi Bordeaux et La Rochelle de pouvoir non pas assurer des salaires plus hauts à leurs stars, mais aussi de pouvoir améliorer leur profondeur de banc et recruter des jeunes prometteurs ..
Et donc la LNR devait initialement réfléchir à l’évolution du SC et aux indemnités des internationaux
Mais voilà que notre star la plus bankable a envoyé un pavé dans la mare en revenant sur les contraintes qu’impose le SC en terme de rémunération image avec les sponsors des clubs
Aldritt et Jalibert maintenant lui emboitant le pas …
Alors là aussi un mélange entre salaire et revenus pour un joueur ?
Bon historiquement ça s’explique et cette façon de rémunérer (là c’était le cas car cela venait en diminution du salaire pour rester dans les clous du SC tout en accédant aux demandes du joueur) fut une façon de détourner légalement le SC
On pense tous à Mourad qui, s’il n’inventa pas le système, l’utilisa beaucoup ce qui obligea la LNR a intégré ces montants dans le SC pour les sponsors du club
Mais on parle déjà d’une autre époque et il serait bon de savoir si 10/15 ans après les choses ne méritent pas d’évoluer et que Revol , qu’on ne remerciera jamais assez de l’avoir initié, ne nous fasse pas une crise de paternité avortée chaque fois qu’on veut le revisiter
Et ne pas se servir de l’affaire Jaminet comme d’un épouvantail car il me semble que le sponsor qui devait payer Jaminet n’était pas un sponsor habituel du club…
D’ailleurs quel club censé prendrait un de ses sponsors historiques pour magouiller au risque de le perdre définitivement ? Quand il est devenu de plus en plus difficile de boucler les fins de saison ?
Et aussi éviter de penser que ces évolutions ne serviraient que nos stars
Non je pense en particulier à des joueurs qui représentent l’âme d’un club
Comme Mathieu Babillot à Castres ou Saïd Hirèche à Brive en son temps
Ils n’intéresseront jamais un créateur de mode ou une multinationale
Mais par contre ils peuvent être de formidables ambassadeurs pour les sponsors locaux pour qui l’association avec ces valeurs est valorisante et a du sens ; même si les entreprises actionnaires du club devraient être soumises surement à une attention particulière, voire une exclusion
Et ce complément de revenus me semble être un juste retour de leurs investissements et de l’image qu’ils véhiculent dans leur environnement proche
Et sans que cela ne devienne un contournement du SC ni une magouille club/joueur
Alors gardons la philosophie du SC qui me parait essentielle pour la pérennité de nos clubs et le maillage géographique de notre rugby pro ; mais n’hésitons pas à revisiter les choses
Parce qu’après tout il n’y a rien de permanent sauf le changement comme disait ce bon vieux Héraclite
Même les meilleurs outils doivent s’adapter aux évolutions
En ce sens Jalibert a raison et là il ne prêche pas que pour sa paroisse loin de là