Retenir les leçons du passé. C’est un peu le mantra des Catalans à l’heure d’écrire ces lignes. Pourquoi ? Tout simplement pour que l’épisode tumultueux de la dernière montée en Top 14 n’ait pas été qu’un coup d’épée dans l’eau. Un peu trop sûr d’eux, pas assez équipés, les Perpignanais l’avaient senti passer en n’engrangeant que deux petites victoires tout au long de la saison il y a 3 ans. Clairement, l’USAP n’était alors pas invité à l’élite du rugby français. « En 2018, on s’est menti en se croyant champions du monde », avouait avec son franc parler habituel le capitaine Mathieu Acebes pour Rugbyrama, cette semaine.
Alors cette année, malgré l’euphorie liée au titre de Pro D2 acquis face au BO voilà trois semaines, les Sang et Or se le sont promis : ils ne s’enflammeront pas. "Je vais être honnête, on a accompli (que) la moitié de la mission, poursuit le Jason Statham catalan pour France Bleu. Quand on est montés il y a trois ans, la mission était de maintenir le club. (…) Bien sûr qu'on va profiter mais on va avoir un peu plus d'humilité qu'il y a trois ans. On va être très heureux de partager ça avec le public catalan, mais, pour ma part, je vais avoir pas mal de souvenirs. (…) J’ai déjà dit aux joueurs de garder dans un coin de la tête ce qui va se passer en haut (Top 14) et on sera d'autant plus prêts, on ne se trompera pas. Si on maintient le club en Top 14, là, la mission sera terminée."
Top 14. Après avoir validé sa montée, l'USAP booste son budget
Pour ce faire, les Sang et Or ont pu préparer le terrain depuis quelques mois déjà, grâce à leur saison fantastique et leurs 107 points marqués. On disait son exercice 2017/2018 exceptionnel (97pts), mais l’union sportive n’avait eu aucun recul par rapport à ce qu’elle vivait, profitant de l’instant présent sans même se soucier de l’avenir. Résultat, le budget d’une saison à l’autre n’avait que sensiblement augmenté et le recrutement s’était fait quelque peu à la hâte, donnant lieu à une ribambelle de flops (Mjekevu, Sau, Mélé...) dont l’international irlandais Paddy Jackson en fut le sommet. Là, le président Jean-François Rivière l’assurait pour France Bleu Roussillon, « pour ne rien vous cacher, nous avions déjà préparé la montée. Maintenant, nous n'avons qu'à appuyer sur les différents boutons. »
Une préparation en amont
Et effectivement, c’est dans la foulée de la victoire en finale que des garçons comme Tetrashvili ou Sawailau furent officialisés. Mieux, cette montée venait surtout confirmer la signature du crack argentin Bautista Delguy (24 ans) en provenance de l’UBB ; l’un des meilleurs joueurs de ballon de l’Hexagone, aux appuis de feu, auteur de 6 essais en 17 sélections avec les Pumas. Et depuis, les recrues s’enchaînent doucement mais sûrement, toujours avec qualité. Il fallait trouver un remplaçant à Ben Volavola, de retour en Ile-de-France ? C’est donc le prometteur Tristan Tedder qui viendra du côté d’Aimé-Giral. Vous vouliez du costaud pour pallier les départs du jeune pilier Quentin Walcker, en partance pour Castres, ou du néo-retraité Charles Géli ? Ce ne sont nuls autres que les expérimentés Arthur Joly (27 matchs avec La Rochelle cette saison) et Mike Tadjer (plus de 170 matchs professionnels) qui débarqueront dans les Pyrénées-Orientales.
TRANSFERT. L'arrivée de Bautista Delguy à l'USAP confirmée... en cas de montée en TOP 14 !
Suffisant pour assurer son maintien ? Hum… l’USAP sait comme nous qu’elle devra encore recruter au moins un « gros » deuxième ligne pour remplacer numériquement Alban Roussel, parti pour Bordeaux, ainsi qu’un troisième ligne de premier choix. Mais il lui reste près d’un mois pour cela, tandis que l’emblématique entraîneur Patrick Arlettaz croît en ses arguments : "On sait très bien qu'on n'aura pas 25 millions de budget l'année prochaine. On sait que ce sera dur mais on a encore espoir qu'avec du travail, de l'abnégation, de la sueur, du sang et des larmes qu'on peut peut-être y arriver".
Effectivement, le champion de France 2009 n’aura pas 25 millions de budget la saison prochaine. Mais grâce aux droits télé du Top 14 et l’arrivée de nouveaux partenaires, la capacité financière de Perpignan augmentera d’ores et déjà de plus de 50% par rapport à 2020/2021, passant de 11 à 17 millions d’euros en l’espace d’un été. Avec pour objectif d’atteindre les 20 millions d’ici deux ans. Si l’USAP parvenait donc à se maintenir lors de la saison à venir et que le projet était mené à bien, on jurerait que le club catalan aurait alors de sérieux arguments pour enfin prétendre à - de nouveau - occuper le premier plan du panel rugbystique français de manière pérenne. N’oubliez pas qu’à l’inverse de 2018, les Arlequins comptent en leur sein des garçons à l’expérience majeure, comme Damien Chouly ou Piula Fa’asalele. En si bon chemin, on faillit oublier qu’un certain Melvyn Jaminet restera également dans le 66 pour le Top 14… Et qu’on le veuille ou non, avec ce jeune homme (22 ans), rien n’est pareil…
XV de France. Melvyn Jaminet (USAP) peut-il s'inviter en Australie sans avoir joué en Top 14 ?