Du côté de Clermont, la défaite du week-end dernier sur la pelouse du Stade Français est venue donner une statistique assez marquante : il s'agit de la première fois depuis plus de 10 ans que le club auvergnat enchaîne 7 défaites consécutives loin du Michelin. Un manque de performance qui fait un peu tache pour une formation si longtemps habituée, justement, à être très performante à l'extérieur ces dernières années. D'ailleurs, en tirant un peu le trait, tout n'est pas parfait chez soi non plus pour l'ASM, qui pointe aujourd'hui à la 11ème place du classement avec 9 points. Ce samedi, les Jaunes et Bleus se déplaceront encore (à Montpellier cette fois) et pourraient bien se retrouver en position de relégable à l'issue de la septième journée en cas de résultat meilleur que le leur d'au moins deux de leurs trois poursuivants. Rien d'alarmant encore pour ce ponte du championnat de France aux qualités évidentes, mais attention tout de même, à ce rythme, le train des demi-finales directes pourrait déjà s'être bien éloigné...
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Mais pourquoi, au fait ? Difficile d'expliquer ce manque de résultats en un claquement de doigts mais à Clermont, au-delà des blessures des uns, des méformes des autres et du temps d'adaptation au système de Jono Gibbes, il se dit aussi que l'absence d'un directeur sportif pèse dans la balance. Et à ce titre, en filigrane, c'est le recrutement - exclusivement choisi par le président et l'entraîneur en chef - qui est pointé du doigt. Cette singularité semble en effet avoir montré ses limites, que ce soit en termes de niveau des recrues comme de résultats. Car si des garçons arrivés relativement récemment tiennent plutôt largement leur rang (Bézy, Matsushima, Ravai...), n'oublions pas qu'il y en d'autres pour qui ce fut (ou c'est) beaucoup plus compliqué. Pêle-Mêle, sur les 3 dernières années, citons les Rory Jennings, Mike Tadjer, George Merrick ou Tavite Veredamu, pas vraiment en réussite dans le 63.
Un manque de quantité criant
Mais ce qui frappe plus encore, c'est chaque fois le manque de profondeur du recrutement clermontois. Cette saison encore, et même si l'ASM s'est faite spécialiste des jokers médicaux ou joueurs supplémentaires (Marvin O'Connor dernièrement), on ne compte encore que 2 petites recrues au Michelin. Certes il s'agit comme souvent de joueurs relativement réputés dans le microcosme rugbystique, mais quand on sait qu'Hanrahan n'a pas encore vraiment trouvé ses repères en Auvergne et que Lavanini s'est fissuré la mâchoire pour son premier match, l'on se dit que le renforcement de l'intersaison est bien loin d'être celui d'autres formations concurrentes. Surtout après un exercice 2020/2021 achevé seulement en barrage ; soit pas à la mesure des ambitions censées être celles d'un club comme Clermont.
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Dans le même sens, si l'on comptait 7 recrues initiales la saison passée, elles n'étaient que 3 lors de l'exercice 2019/2020, que 3 également lors de la saison précédente. Une stabilité d'effectif, certes, ou un manque de renouvellement pour aspirer à d'autres ambitions, c'est selon... Alors manque de spécialistes en la matière dans le staff ? Manque de prospections, d'attrait ? Ou de latitude financière, tout simplement ? Peut-être un peu de tout ça. Néanmoins, l'ASM a prouvé dans un passé récent sa capacité à attirer des joueurs de calibre international, et l'on doute que le seul climat auvergnat ou le manque de titres soient des raisons foncièrement valables au peu d'arrivées à Clermont chaque année.
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Non, il est fort possible que ce soit plutôt par choix, basé sur les intentions de s'appuyer sur la jeunesse et les hommes de grande expérience, comme l'expliquait le président Jean-Michel Guillon à La Montagne récemment. Aussi que ces contraintes soient en partie dictées par la réalité économique qu'impose le salary cap : à Clermont, on avait acté - avec les joueurs - une baisse de 2,5 millions d'euros de la masse salariale en juin 2020, des suites de la crise économique liée au Covid. Et si la trésorerie est relativement bien repartie depuis, à Clermont toujours, des salaires comme ceux de Rabah Slimani ou Morgan Parra (600 000 euros ou plus chacun) prennent évidemment pas mal de place. Un changement de fusil d'épaule est-il prévu ? On apprenait en tout cas ce matin que l'ASM aurait finalement entamé les discussions pour prolonger son légendaire demi de mêlée...