Il y a encore quelques années, évoluer en infériorité numérique sur un terrain était fatidique. Les équipes devaient serrer les dents pendant 10 minutes ou plus, pour laisser passer l'orage et n'encaisser que le minimum de points. Mais une tendance émerge où l'équipe sanctionnée n'est plus pénalisée par ce désavantage. Nous avons essayé de voir les raisons de cette tendance, qui a été marquée en 2016 par la finale de Top 14, où le Racing 92 s'est imposé face à Toulon après avoir évolué à 14 contre 15 pendant près d'une heure.
Trois matchs références
Sur les trois matchs références choisis, les équipes ont été en infériorité suite à des cartons rouges.
-
Toulon - Racing 92, finale Top 14 de 2016
VIDEO. Finale Top 14 : le plaquage dangereux de Maxime Machenaud sur Matt Giteau
Le carton de Maxime Machenaud suite à un plaquage cathédral est intervenu très tôt dans la partie, à la 18e minute. Les Racingmen savaient donc qu'il fallait tenir plus d'une heure à 14 face à Toulon dans le magnifique stade du Camp Nou. À ce moment-là du match, le score était de 3 partout, puis 6-3 après la pénalité de Halfpenny suite au carton rouge. Les banlieusards ont mis quelque temps avant de s'adapter à leur infériorité, avant de prendre un essai de Gorgodze.
C'est à ce moment-là que tout change. Toulon est pénalisé à 6 reprises entre la 30e et la 78e face à des buteurs de classe internationale. Résultat : Goosen et Carter passent 18 points, dont 15 en deuxième mi-temps. L'essai de Maxime Mermoz relancera le match dans les 10 dernières minutes, mais la défense ciel et blanche résistera sans faire la moindre faute.
-
Stade Français - Agen, Journée 22
C'est le match référence pour une équipe en infériorité qui remporte le match. Le Stade Français s'est retrouvé 20 minutes à 14 suite au carton rouge de Sekou Macalou, puis encore 20 minutes à 13 pour la même faute de Jonathan Danty. Durant leur infériorité, les Parisiens n'ont été pénalisés qu'une fois à la 46e suite à une faute en mêlée et McIntyre a ajouté 3 points.
-
Toulon - Toulouse, Journée 21
Top 14 - Comment Toulon a fait tomber le leader toulousain au Vélodrome ?
Malgré la supériorité de Toulon dans les phases de ruck, Toulouse a évolué en supériorité, mais n'a jamais trouvé de solutions. Certains diront que la composition d'équipe toulousaine n'a pas été optimale et Toulouse n'a jamais conservé le ballon pour mettre en danger la défense toulonnaise pourtant réduite.
Quelles sont les raisons de ces performances ?
-
La possession
Sur les trois matchs références plusieurs plans de jeu ressortent, mais dans les trois cas, l'équipe en infériorité reste le plus longtemps avec la possession de balle. Toulon a conservé durant plus de 15 minutes le ballon, et cela a payé. De l'autre côté, les Toulousains se sont débarrassé du ballon pour occuper le terrain et mettre la pression aux Toulonnais. Mais le jeu au pied toulonnais a bien renvoyé dans leur camp les Haut-garonnais.
-
Les fautes
Les équipes à 14 n'ont été que très peu pénalisées, à l'image du match du Racing 92 au Camp Nou. Ils n'ont commis que très peu de fautes dans la zone dangereuse de but face à un Halfpenny dangereux au but. Au contraire, les Toulonnais ont commis énormément de fautes sur les zones de mauls (carton jaune de Chilachava suite à deux fautes consécutives : mêlée et maul), permettant à Goosen et Carter d'aligner la mire.
-
Ne pas fermer le jeu
Le Stade Français n'a jamais fermé le jeu lors de leur infériorité, et au contraire, ils ont inscrit deux essais sur des actions des trois-quarts (Julien Arias et Gaël Fickou). Les avants parisiens se sont également beaucoup plus déplacés, rendant le jeu plus propre et proposant plus de solutions.
-
Les phases statiques
Être en infériorité numérique n'est pénalisant que lors des phases statiques (mêlée, touche). Dans le jeu courant, l'infériorité ne se ressent que très peu. Si un joueur du 8 de devant sort, un trois-quart vient souvent remplacé le troisième-ligne pour stabiliser la mêlée. Seule la touche offensive peut être pénalisante si un sauteur vient à être exclu.