Ah le Stade Français. Ce club historique de notre championnat, qui a bercé les années 2000, seule équipe championne de France sur trois siècles différents. Quand on parle du Stade Français, on pense immédiatement à Max Guazzini qui a réellement fait entrer le rugby dans la sphère du professionnalisme, à ce maillot rose, au showbiz, ce Stade de France plein comme un œuf devant 80 000 supporters chauffés à blanc. Qu'il soit adoré ou détesté, les amateurs de rugby ne pourront se contredire sur la chose : le Stade Français ne laisse personne indifférent, c'est un fait. Et puis, c'est le club de Paris, la capitale, qui a dû pendant de longues années se battre seul contre un rugby majoritairement sudiste, un rugby de provinces. Mais aujourd'hui, le deuxième plus gros palmarès du rugby français semble être un géant endormi, à la recherche de son lustre d'antan. Car si aux prémices de chaque saison, on présente les soldats roses comme des candidats légitimes à la qualification, force est de constater qu'ils ne font plus partie du haut du panier de notre championnat. Ce jeudi, le Late Rugby Club partageait une statistique pour le moins parlante. Depuis la saison 2009/2010, le Stade Français ne s'est qualifié qu'à deux reprises pour les phases finales de Top 14. Très loin de ses ambitions. Alors, le Stade Français est-il rentré dans le rang ?
🗨️ "Depuis 2010, le Stade Français ne s'est qualifié que deux fois pour les phases finales (...). L'inconstance dure depuis quasiment 10 ans !"@PFleys à propos du début de saison compliqué du @SFParisRugby 🗣️
— Late Rugby Club (@LateRugbyClub) September 23, 2021
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29 mai 2009, demi-finale de Top 14. Le Stade Français s'incline face à l'USAP (25-21) et dit adieu à ses rêves de Brennus. Le magicien Juan Martin Hernandez quitte le club et Paris ne se doute alors pas vivre six années de galère. Le Stade Français croit mourir, avec cet épisode d'escroquerie par la FACEM, une société canadienne en 2011 avant que Thomas Savre ne sauve finalement le club, plonge dans les abysses du classement mais joue en contrepartie durant la même période deux finales de Challenge Cup perdues (19-18 face aux Harlequins en 2011 et 34-13 face au Leinster en 2013). Paradoxal, à l'image de ce que peut parfois être le club. Et en 2015, le Stade Français Paris se qualifie enfin après six ans d'attente en phase finale. Ces dernières seront exceptionnelles. D'une solidarité de tous les instants, forts d'un jeu séduisant et d'un buteur impérial, les Parisiens décrocheront contre toute attente un Bouclier de Brennus finalement largement mérité. L'apogée d'une jeune génération de ''titis'' parisien (Plisson, Danty, Bonneval, Slimani, Flanquart, Camara, Bonfils etc). Mais comme toujours, les supporters stadistes vont faire les montagnes russes. Alors que l'on entend que le club de la capitale confirme son nouveau statut, il va terminer à une triste douzième place la saison suivante. La suite tournera à l'irrationnel. Après l'épisode d'une fusion avortée qui soudera tout un groupe pour décrocher le Challenge Européen en 2017, le Stade Français va vivre une saison 2019/2020 cauchemardesque malgré un effectif pléthorique. Lors de l'arrêt de la saison, ils seront derniers. Avant de finalement décroché une qualification inespérée l'an passé, avec une série de six succès consécutifs alors que plus personne ne les attendait. Car c'est ça l'esprit du Stade Français comme dirait les plus nostalgiques. Renaître lorsque tout le monde cous enterre. De quoi donner des idées à l'équipe de cette année ? Il y a une chose en revanche que l'on ne peut nier. Qu'on le veuille ou non, depuis une dizaine d'années, le Stade Français ne fait plus partie de ces équipes trustant les premières places, et ce, malgré l'arrivée au printemps 2017 du milliardaire allemand, Hans-Peter Wild.
Gonzalo Quesada sur la sellette ?
Force est de constater donc que le Stade Français est rentré dans le rang. Il ne semble capable de se mesurer aux cadors de notre championnat que par intermittence. Une anomalie pour ce club historique. Et ce n'est pas ce début de saison qui va nous contredire. Le Stade Français réalise le pire démarrage de son histoire en Top 14 malgré encore une fois des jolis noms sur le papier. 3 défaites, 0 points, 37 points encaissés et une réception de Castres déjà décisive. Car en cas de défaite, les coéquipiers de Kylan Hamdaoui pourraient être contraints de dire adieu à la qualification et condamnés à jouer le maintien. Nous n'en sommes pas là et après seulement trois matchs, difficile de tirer des conclusions. Mais le fonds de jeu inquiète.
Top 14. ''Oui le club est en danger !'' : Moscato très inquiet pour le Stade FrançaisDe ce fait Gonzalo Quesada est-il menacé ? Malgré un début d'exercice cataclysmique, il ne faut oublier que l'Argentin est le seul entraîneur à avoir qualifié le Stade Français au cours des douze dernières années. Oui, mais alors comment expliquer cette apathie, ce manque de révolte pour une équipe qui avait pourtant montré une grosse force de caractère en fin de saison dernière ? Là encore, une théorie presque inexplicable. Certains reprochent à Quesada son manque de poigne, de fermeté, son discours toujours posé, et le considèrent incapable de galvaniser ses troupes. Alors qu'aucun membre du club ne s'était exprimé depuis ce dimanche et une défaite à Toulon, Gonzalo Quesada est sorti du bois ce jeudi. En conférence de presse ce jeudi, dans des propos relayés par Le Figaro, il affirme comprendre les critiques sur le jeu pratiqué : ''Je n'ai pas lu tout ce qui est écrit sur nous, ça fait mal... Mais vous avez raison d'être durs et critiques parce que notre contenu est décevant. Mais l'an dernier, nous avions perdu à Bordeaux, perdu le derby à domicile et à Toulon, et on s'est qualifié. On n'a pas fait mieux en termes de résultats. On est pareil, mais on ne s'arrête pas aux mathématiques. On a été très moyens sur nos trois matchs et ça nous met en alerte.''
PRONOSTICS. Top 14. Castres va-t-il enterrer le Stade Français au fond du classement ? Il assure par ailleurs avoir bien préparé en seulement deux jours la venue de Castres, avec des joueurs notamment moins touchés par un virus qui les a diminué à Toulon : ''On est arrivé lundi à Paris vers 16h, on a laissé le mardi de repos, on n'a fait qu'une réunion. On s'est entraîné un peu mercredi, un peu jeudi, et vendredi, c'est off. En 48 heures, on a essayé d'aller à l'essentiel, de bien récupérer pour préparer ce match super important. Cela s'est bien passé, on a moins de joueurs malades, même s'il y en a beaucoup qui toussent encore. Mais ça va mieux que la semaine dernière, c'est la bonne nouvelle. On va être plus en forme qu'à Toulon''. Et il faudra être en forme pour battre une équipe de Castres qui performe en ce début de championnat. Sous peine de voir les vieux démons ressurgirent. Un rose bien pâle pour un Stade Français à la recherche de ses plus belles années.
Crédit Vidéo : Stade Français Paris