Vous le savez, désireux d’occuper à nouveau les premiers rôles, le Stade Français a annoncé il y a quelques semaines qu’« un recrutement ciblé et ambitieux était en cours pour la saison prochaine ». De fait, « des officialisations vont intervenir rapidement », avait poursuivi le club de la Porte d’Auteuil. Si l’on attend toujours les annonces officielles de Thomas Lombard, les dirigeants des soldats roses n’ont pas menti puisque le solide Nemo Roelofse, meilleur droitier de Pro D2 du côté de Nevers depuis 3 saisons, s’est déjà engagé. D’après RMC Sports, tandis que Paris lorgne le All Black Ngani Laumape, la venue d'un cador de l’autre côté de la première ligne devrait aussi bientôt être actée. En effet, Clément Castets, le pilier du Stade Toulousain, aurait accepté une offre conséquente de la part du club parisien.
TRANSFERT. Le Toulousain Clément Castets vers le Stade Français Paris ?Mais ce qui s’annonce comme une super recrue pour le Stade Français, est surtout une énorme perte pour le Stade Toulousain. Certes les Hauts-Garonnais ne seront pas démunis au poste puisqu’il compteront toujours sur Baille, Neti et Ainu’u, en attendant probablement l’arrivée d’un 4ème larron. Mais l’ancien montpelliérain dispose d’un profil quasiment unique sur la scène européenne aujourd’hui. Très gros défenseur, fort en mêlée et aussi actif qu’intelligent dans ses déplacements, le joueur de 24 ans représente à coup sûr l’avenir à son poste, même s’il n’est pas le seul (voir plus bas)… En 2019, l’année du dernier titre toulousain, Régis Sonnes parlait d’ailleurs d’un garçon au "super état d'esprit", doté d’un "caractère fort" et ayant un "certain charisme". Il est vrai que sans faire trop de bruit, Castets est un garçon qui en impose. De par son agressivité et ses performances sur le terrain, déjà, de par son parcours, aussi, comparable à aucun autre à ce niveau-là.
Pour rappel, on diagnostiqua à ce fils de commissaire un cavernome au cerveau en 2016. Autorisé à jouer sous surveillance médicale particulière, les symptômes s’aggravent néanmoins et il perd la vision d’un oeil : la tumeur s’est percée et une petite hémorragie cérébrale est détectée. Le Toulousain doit donc passer par la case opération début 2018, tandis que certains spécialistes l’annoncent fini pour le rugby, les plus optimistes absent pour au moins 1 an. Heureusement, l’opération chirurgicale se passe au mieux et à force de persévérance, le gaillard (1m81 pour 123kg) est de retour sur les terrains en septembre de la même année, soit seulement 8 mois après son passage au bloc. Hallucinant. « Les épreuves qu'il a traversées prouvent toute la valeur de l'homme et du joueur », applaudissait en suivant Sonnes pour le Courrier Picard. Jusqu’à sortir un exercice à 23 matchs pour 13 titularisations, et le statut d’une des révélations de la saison ! On vous passera tous les détails de son éclosion chez les pros, mais fort de ses qualités et au vu de l’étonnement qu’il suscite chez ses coachs, nul doute que son départ vers la capitale sera une énorme perte pour le vingtuple champion de France. « ll plaque comme j'ai rarement vu un pilier plaquer, admettait Jean Bouilhou en 2019. Il se déplace beaucoup, il a beaucoup d'activité ».
S’évader pour mieux régner ?
Alors, puisque ce garçon n’a rien d’un mercenaire, pourquoi quitter le leader du championnat pour un Paris ambitieux, mais un Paris boiteux ? Inconsciemment, Ugo Mola livrait un élément de réponse lors d’une interview il y a deux saisons : « Il a un profil totalement différent des autres joueurs du poste ». C’est un fait. Mais à être trop singulier, vous finissez parfois par être écarté lors des premiers tirages. C’est ainsi que malgré des performances réellement très solides à chaque fois qu’il est aligné, Clément Castets est depuis sa première saison pleine et encore à ce jour le numéro 2 du poste, derrière un Cyril Baille plus indiscutable que jamais en club comme en Bleu. En témoignent ses "seules" 39 titularisations en 69 matchs avec le Stade. « Il est aussi totalement complémentaire des autres joueurs du poste », disait Mola. Sauf que c’est aussi pour cette raison que Castets est le parfait pendant de Baille à Toulouse, où sa dimension physique fait merveille en sortie de banc. Et vous conviendrez que pour espérer poursuivre son ascension et tutoyer le groupe France, l’histoire nous a le plus souvent démontré qu’il fallait être titulaire en club d’abord…
Dans une situation qui n’est pas sans rappeler celle de Sébastien Bézy lors de son départ pour Clermont, Castets rejoindra donc logiquement Jean-Bouin la saison prochaine. Dans un club ambitieux qui lui promet une place de numéro 1 et de fait, une meilleure visibilité pour postuler à l’étage supérieur. Depuis son exil, son ancien demi de mêlée en est par exemple à 12 titularisations en 20 matchs en Auvergne, pour 6 essais inscrits. Et quand bien même il fut sorti du XV de départ pour le quart de finale de Champions Cup le week-end dernier - dans des conditions très particulières -, c’est sa première partie de saison canon dans son nouveau club (7 titus’ sur les 8 premiers matchs, pour 5 essais) qui lui a permis de retrouver les Bleus lors de l’Autumn Nations Cup, plus de 4 ans après les avoir quittés.
Alors Castets connaîtra t-il une trajectoire à la Bézy - avec encore plus de réussite - à Paris, pour découvrir les Bleus et, in fine, France 2023 ? Rien n’est encore fait malgré toutes ses capacités, puisque l’ancien capitaine des U20 tricolores a aujourd’hui au moins 3 concurrents devant lui (Baille, Gros, Kolingar) dans la hiérarchie en équipe de France. Mais c’est en tous cas ce que doit lui permettre son départ du capitole vers la capitale…
