Qui aurait pu prédire pareil scénario il y a encore de cela deux mois ? Petit retour quelque semaine semaines en arrière. Nous sommes le 4 décembre 2021. Le leader toulousain, se déplace sur la pelouse de son dauphin, l'Union Bordeaux-Bègles. Un choc au sommet cadenassé, qui verra les hommes de Christophe Urios en sortir logiquement vainqueur (17-7). Depuis, les dynamiques entre les deux ténors de l'Hexagone sont totalement différentes. Les Girondins caracolent en tête de championnat tandis que les Toulousains eux, sont à l'arrêt, la machine à gagner enrayée. À tel point qu'à dix journées du terme du Top 14, les Rouges et Noirs, actuellement sixièmes, ne sont pas encore sûrs de disputer les phases finales au printemps. Une anomalie pour cette équipe conçue pour gagner.
La faute entre autre il est vrai, à plusieurs fâcheuses circonstances. Mais peut-on réellement tout remettre sur le dos de la Covid, des matchs reportés ou des doublons ? Pas sûr. C'est bien simple, depuis sa défaite dans la cité girondine, Toulouse n'a plus remporté la moindre rencontre en Top 14. Les hommes d'Ugo Mola restent sur une incroyable série de cinq revers de rang, chose qui n'était plus arrivée aux Hauts-Garonnais depuis 2014. Un temps déjà bien loin. Surtout, stat édifiante, ces derniers n'ont décroché que 3 petits points sur 25 possibles au cours des derniers matchs. Champion de France en titre, est-il possible de voir le Stade Toulousain être absent des phases finales ?
Des vents contraires
Alors on vous l'accorde, les Toulousains ont subi des vents contraires depuis ce mois de décembre déjà noir. En premier lieu, ce match reporté face au Stade Français le 26 décembre dernier, lors du Boxing Day, le club parisien ayant été touché par la Covid-19. Rebelote contre Montpellier. Cette fois-ci ce sont les Cistes qui ne peuvent se déplacer à Ernest-Wallon. Deux matchs reportés donc, au moment des doublons, là où le Stade Toulousain est amputé d'une majorité de ses cadres. De quoi faire enrager certains supporters et y voir de malhonnêtes stratagèmes pour les plus paranos d'entre eux. Soit. Pour ne rien arranger, son facteur X Antoine Dupont se blesse au genou, avant que le club ne connaisse lui aussi sa vague de Covid. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, les Toulousains perdront un match sur tapis vert en Coupe d'Europe contre Cardiff. Bref, vous l'aurez compris, un enchaînement d'évènements qui ont cassé la dynamique du groupe. Il faut l'avouer, les Toulousains n'ont pas été vernis en cette période. Et au moment de reprendre la compétition, ils ont dû ainsi faire sans leurs internationaux, partis rejoindre le contingent tricolore pour préparer le Tournoi.
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Mais cela n'explique pas forcément tout. On pense à ce manque de caractère entrevu à l'USAP, ou la bouillie de jeu proposée face au Racing 92. Certes, il y avait déjà du mieux face au Stade Français, mais force est de constater que le Stade Toulousain semble peiner cette année. Même en début de saison, lorsque les coéquipiers d'Antony Jelonch enchaînaient les succès, il manquait toujours ce petit quelque chose, ce jeu léché, cet enthousiasme auquel nous avaient habitués les protégés de la Ville rose. On se demandait jusqu'à quand cela durerait puis on en était finalement venu à se dire que tout cela n'était rien d'autre que la marque du champion, une bête froide capable de gagner sans forcément briller dans le jeu. Jusqu'à cette terrible période donc. À tel point qu'à la vue du calendrier de Toulouse, nous sommes en doit de nous demander s'ils pourront rester dans les 6.
Un calendrier compliqué
Et pour cause, les Toulousains devront encore faire sans leurs ''Bleus'' durant quatre matchs. Un périlleux déplacement les attend à Pau dès ce week-end. Séduisants face au Racing malgré la défaite, les Béarnais auront l'obligation de s'imposer pour s'éloigner de la zone rouge. Puis les Toulousains recevront le leader bordelais, avant de se déplacer au Stade Français pour la revanche du Classico du week-end dernier face à une équipe qui semble revigorée et de finir en recevant un Montpellier que beaucoup voient comme un favori au titre. Vraiment pas simple, on vous l'accorde.
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Alors certes, derrière cet infernal calendrier, il restera six matchs aux hommes d'Ugo Mola pour décrocher une qualification. Surtout que les pensionnaires d'Ernest Wallon pourraient arracher quelques succès lors des matchs cités précédemment durant cette période internationale, et ce, malgré l'absence colossale de joueurs importants. Mais il ne faudrait pas justement a contrario, qu'au retour de ces derniers, le Stade Toulousain ne soit trop largué dans la course à la qualification. Car rien ne dit que les joueurs du XV de France ne reviendront pas lessivés, après un 6 Nations disputé et éreintant. Et l'obligation de résultat pourrait instaurer un réel climat de tension avec l'urgence de résultats. Puis, il faudra aussi retrouver une dynamique de victoires, après autant de revers concédés. Et bien sûr, Toulouse devra également faire sans Pita Ahki, absent durant plusieurs semaines. Quand ça veut pas.
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Malgré ça, et les excuses, ne vaudrait-il pas tout simplement avouer que le Stade Toulousain est en réalité moins conquérant que l'an passé ? Car les joueurs du Capitole ont su par le passé surmonter ce genre d'adversité lorsque leurs joueurs cadres étaient absents. La profondeur et qualité d'effectif de l'équipe devraient leur permettre de glaner quelques succès précieux. Même si à l'heure où nous écrivons ces lignes, les Toulousains possèdent un petit matelas sur La Rochelle, septième (6 points), il y a urgence, car les Maritimes pourraient recoller dès ce week-end à leurs basques, en cas de succès à Clermont. Bref, ce n'est pas encore l'heure de tirer des conclusions trop hâtives. Mais force est de constater que le Stade Toulousain risque batailler jusqu'au bout, pour accrocher une place dans le wagon des qualifiables. Et ça, bien malin celui qui aurait pu le parier en début de saison.