Il suffit de parcourir le forum des supporters de l'USAP ou de se pencher sur les commentaires d'après-match pour voir tout l'engouement que suscite Bautista Delguy, le virevoltant ailier argentin (24 ans, 1m83-81kg). Le fort contingent d'aficionados catalans fut ébahi par la performance individuelle du Puma face au Racing ce samedi, auteur d'un essai et de nombreuses courses chaloupées qui ont à maintes reprises déstabilisé la défense des Ciels et Blancs. Il faut dire que Delguy détonne dans le rugby professionnel. De par son style, unique et inimitable, et à son côté imprévisible, presque fou. Arrivé cet été en Catalogne, il devra enchaîner les prestations de haut-vol pour tenter de maintenir son club en Top 14.
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Sa mine pouponne est loin d'être inconnue en France. Petit retour en arrière. Après avoir été formé dans son club de Pucara et connu toutes les sélections de jeunes, Delguy rejoint logiquement la franchise des Jaguares en 2018, et tutoie enfin le très haut niveau. Le début de son ascension. À partir de là, ''Bauti'' va briller et son style balle en main, intrépide, ne laissera pas insensible le sélectionneur argentin de l'époque, Mario Ledesma. Après une première sélection en 2018 face au Pays de Galles, Delguy participe à la Coupe du Monde au Japon. Revenu tout juste d'une blessure, il ne la vivra pas dans la peau d'un titulaire, son seul match avec le numéro 14 dans le dos étant contre les États-Unis en clôture du mondial nippon pour les Pumas. La suite, vous la connaissez. Le Covid-19 a raison des Jaguares et on assiste à un exode massif des joueurs argentins sur le Vieux Continent. On vous a dit que la France le connaissait ? On y arrive. Fin décembre 2020, il rejoint l'UBB avec qui il ne dispute que sept petites rencontres. Pourtant, malgré de bonnes performances, il ne pourra être conservé au sein de l'effectif girondin, son statut de non-JIFF jouant également en sa défaveur.
POINT TRANSFERTS. Delguy à l'USAP, Taulagi à Narbonne, un Highlander à Castres ?
À l'intersaison, l'USAP, tout juste promu en Top 14, saisit alors l'aubaine et annonce l'arrivée du jeune feu-follet de 24 ans. Preuve de l'ambition de club catalan et de la volonté de se donner les moyens d'exister dans une compétition de plus en plus exigeante. Et comme pour favoriser son acclimatation, Delguy ne se retrouve alors pas dépaysé au moment de poser ses valises en Catalogne, puisque dans les travées d'Aimé-Giral, il rejoindra deux de ses compatriotes, l'expérimenté trois-quarts centre Jeronimo De La Fuente, ou le transfuge Martin Landajo. Mais ses débuts avec les Sangs et Or vont connaître un certain retard à l'allumage. Sélectionné pour participer au Rugby Championship, il ne dispute que deux matchs en Top 14, fin octobre avant de repartir en sélection pour la tournée automnale. Blessé, il ne reviendra qu'en décembre et commencera à réellement enchaîner les matchs depuis la fin du mois de janvier. Et ça se voit, car depuis, le joueur semble peu après peu monter en température.
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Car vous l'aurez compris, la machine semble cette fois-ci définitivement lancée. En témoigne sa prestation XXL face au Racing. Delguy reste un joueur d'instinct, un facteur X capable de débloquer n'importe quelle situation. À vrai dire, le ''zébulon'' ne passe pas inaperçu quand il foule une pelouse. Lorsqu'il reçoit la balle, son profil ''chien-fou'' fait de lui un joueur ''fantasque''. À tel point que l'on se demande parfois bien ce qui peut lui passer par la tête quand il lui prend la lubie de faire des travers de 50 mètres ou des improbables courses en arrière pour trouver une solution. Bautista Delguy possède un jeu unique, aux antipodes d'un rugby moderne désormais conservateur, et qui laisse de moins en moins de place à ''l'improvisation''. Dans son profil, Delguy vient lui bousculer les codes. Pas forcément le plus doué techniquement, il possède des qualités de vitesse, d'appuis qui en font aujourd'hui, peut-être, l'atout offensif le plus redoutable du club. Devant des Melvyn Jaminet ou Alivereti Duguivalu, n'ayons pas peur de le dire. Mais si sa ''folie'' peut s'avérait redoutable, elle peut être à double-tranchant et se retourner parfois contre sa propre équipe. Dans les colonnes de L'Indépendant, Patrick Arlettaz, le manager de Perpignan, affirmait :
Personne ne le comprend, mais je suis persuadé que lui-même ne se comprend pas. N'essayez surtout pas de comprendre Delguy parce que ça donne des maux de tête ou alors il faut tenter de le faire après deux aspirines parce qu'il y a des risques. Il est atypique et de ce fait, il nous amène énormément alors... (il soupire). On va finir par en prendre un à cause de lui, je vous le dis, c'est sûr et certain, mais ça fait partie du jeu. Il nous amène tellement en terme d'énergie qu'il faut supporter le fait qu'à un moment donné, il nous fera prendre un essai ! J'espère que non mais je crois que oui (rires)
Un côté Docteur Jekill et Mister Hyde qui font au final tout le charme de l'Argentin. Il faut dire que sa partie face au Racing est à conjuguer au plus-que-parfait. Déjà grâce à son essai peu après la demi-heure de jeu. Servi en bout de ligne, il se joue parfaitement sur les appuis des trois derniers défenseurs pour donner alors à l'USAP, une avance de 11 points au planchot. Et ses innombrables désormais célèbres courses en travers n'ont cessé de donner le tournis aux défenseurs racingmen. Après un magnifique premier essai inscrit à Toulon sous ses nouvelles couleurs, en s'écartant sur la passe, Delguy a remis le couvert, le week-end dernier. Après des débuts timides, il semble enfin lancé, prêt à confirmer toutes les attentes placées en lui. Et cela n'a pas manqué de faire réagir aussi en Argentine, les supporters des Pumas saluant le retour au premier plan de leur ailier de poche. Dans tous les cas, les Usapistes en auront bien besoin, au moment d'amorcer le sprint final dans la course au maintien.
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