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Top 14 - XV de France : la richesse de talent au poste de n°9 est-elle responsable de la pénurie d'ouvreurs ?

La France peut compter sur de nombreux numéros 9 de talent. De là à empiéter sur les ouvreurs, traditionnellement à la peine chez nous ?

07/10/2016 à 13h00
Baptiste Serin, 9 de talent capable de jouer 10.
Baptiste Serin, 9 de talent capable de jouer 10.

Maxime Machenaud, Sébastien Bézy, Morgan Parra et maintenant Baptiste Serin... Sans oublier les Benoit Paillaugue, Teddy Iribaren, Yann Lesgourgues, Jonathan Pelissié ou Antoine Dupont. Tout en se souvenant que Rory Kockott et Sébastien Tillous-Borde ont disputé la dernière Coupe du monde. En France, le talent ne manque pas au poste de demi de mêlée. Le réservoir au poste de numéro 9 brille à la fois par sa quantité et sa qualité, jusqu'à impressionner les étrangers venus dans l'Hexagone. "Je suis en France depuis 2003, explique le Néo-Z Simon Mannix dans Sud Ouest. j’ai vu beaucoup de numéros 9 de grand talent, que ce soit Top 14 ou en Pro D2. C’est le pays qui produit les meilleurs numéros 9 mondiaux. C’est impressionnant".

Un point fort, donc, qui ne peut cacher un revers : l'absence d'un n°10 capable de s'installer au plus haut niveau. Mannix, toujours :

C’est peut-être pour ça que les Français ont un peu plus de mal à trouver ce fameux numéro 10. Avec tout le talent qu’il y a à la mêlée, ça ''bouffe'' un peu l’ouvreur. Mais c’est le cas depuis 30 ans. Si on prend l’époque de Jacques Fouroux : le 9, c’est le général. Rien n’a changé.

La question mérite de se poser : les 9 sont-ils la cause de cette pénurie d'ouvreurs ?

Une polyvalence poussée à l'extrème

Le meilleur exemple de cette polyvalence évolue à l'ASM. Formé à l'ouverture, Morgan Parra s'est révélé à la mêlée. Mais il a joué une finale de Coupe du monde avec le maillot floqué du n°10, preuve s'il en est de la prise de pouvoir des joueurs de son poste. Les Bleus ont failli devenir champion du monde avec une charnière Yachvili-Parra... Baptiste Serin peut également jouer 10. Comme Jonathan Pelissié ou Antoine Dupont, symbole de la nouvelle génération. Avec de tels joueurs, le coach peut voir venir en leur donnant les clés du camion.

Des demis de mêlées buteurs

Traditionnellement, le rôle de buteur est tenu par le demi d'ouverture. En France ? C'est rarement le cas depuis plus de dix ans. S'il n'est pas buteur en club - ou Carter et Goosen se partagent la tâche, Maxime Machenaud a même déjà été désigné comme celui des Bleus. Yachvili puis Parra, et maintenant Serin... Faire tirer un n°9 est devenu une évidence, ce qui permet d'aligner à l'ouverture un joueur dont la précision au pied n'excelle pas. Comme François Trinh-Duc. Or, si on regarde les autres grandes nations du rugby, le Pays de Galles et l'Ecosse sont les seules équipes qui comptent sur un autre joueur que son ouvreur - l'arrière Leigh Halfpenny et le demi Greig Laidlaw - pour remplir le rôle de buteur. La French Touch ?

Qui pour jouer à l'ouverture ?

François Trinh-Duc et Jules Plisson se partagent le poste au sein de la liste Elite. Jean-Marc Doussain, capable de jouer... demi de mêlée, a été convoqué lors du dernier 6 Nations. Remplaçant au RCT, Pierre Bernard a du potentiel mais semble s'être éliminé tout seul. Quid de Jonathan Wisniewski ? N'a-t-il pas déjà loupé le train ? Reste le Clermontois Camille Lopez en alternative. Le réservoir pour le XV de France paraît bien vide, et s'explique par le nombre élevé d'étrangers à ce poste en Top 14. Là où les entraîneurs préfèrent compter sur des demis de mêlées locaux... 

AKA
AKA
Moi je suis plus dubitatif... Je pense que si plusieurs 9 brillent en Top 14 aucun n' a (a eu) sa place dans un 15 mondial! Et le parallèle fait avec notre pauvreté en 10 me parait osé sinon faux.
Gonze à l`eau t`es fada !
Gonze à l`eau t`es fada !
Le problème des joueurs formés 9-10 et légers style Dupont, Serin, Bezy, Parra c'est que le poste de 10 est la cible privilégiée des fixations au centre du terrain... Les entraineurs préfèrent un mec plus physique qui ne bougera pas sous l'impact qu'un artiste qui se fera écraser.
PJ12861
PJ12861
Le peu d'entraînement que j'ai fait en France et en Australie, c'est plus une vision "rugbystique" qu'autre chose (manque de technique, formation vieillissante). L'un a une organisation très structurée très verticale(un chef: le 10, sous-chef, etc.) et un jeu large large. Les combinaisons sont bien plus huilés, les soutiens sont très rapide et organisés (ils ne confondent pas rapidité du soutien et force/conquête).Mais c'est parfois trop verticale et c'est au dépends d'une inspiration soudaine et action individuelle qui sont interdites. Les postes de centre sont une preuve: à part Kerevi, il y a peu de centre inspiré en Australie: c'est souvent un 10 en position de 12: Giteau, Beale, Toomua et maintenant Foley, avec Kuridrani qui propose peu de jeu d'évitement et manque d'inspiration. En France on a un rugby d'adversité (même pour un 3/4): on doit battre son vis à vis et ensuite on se met en très bonne position pour marquer. Pour battre son vis-à-vis il faut une "grande gueule" ou "un filou" qui mobilise ses troupes, embrouille ses adversaires et qui n'a pas peur de faire face à un gros en proposant un jeu d'évitement. Ce joueur reconnaît beaucoup plus facilement les "faibles" que ce soit à l'impact ou aux appuis. Vous l'aurez compris, ce joueur c'est le Demi de mêlée. De plus on a un jeu à l'horizontale: "tout le monde est libre de proposer quelque chose, de s'amuser mais faîtes le! "; et qui correspond à notre volonté de battre notre vis-à-vis qui s'amuse en "tuant" son adversaire pour un avant, ou de disparaître sous les yeux de son adversaire par un cadrage débordement. Et cela apporte son lot d'inconvénient, peu de combinaison huilée ou alors elles ne peuvent se faire que si on mets les même joueurs (cf l'interview de David Mélée sur le rugby français, sur ce site).
Rémi teLamettra
Rémi teLamettra
Article intéressant. Culturellement, on est si différent. Hélas, l'heure est à la spécialisation pas la polyvalence, les 9 et 10 doivent exceller à leurs tâches respectives, distinctes. Un 9 jouant un peu 10, ce n'est que du temps à perfectionner son 9 perdu, vice versa. Les meilleurs 9 au monde sont des spécialistes, et les 10 aussi; pas les polyvalents.
crazyrugby
crazyrugby
Parce qu'on a jamais réellement eu de grandisse? À part Lamaison?.. Et que peut être n'avons nous pas les compétences pour en former du coup? Parce qu'on leur donne pas l'opportunité de jouer en club(besoin de résultats rapides blablabla)? parce qu'on met toute la pression sur le 10 et pas sur le 9 alors que le véritable chef d'orchestre c'est le 9 (et ce partout sauf chez nous) et qu'on préfère y mettre des joueurs confirmés? Parce que les seuls ouvreurs français sont confrontés à un faible niveau de championnat et qu'ils sont dépassés dans la prise de décision par le rythme du niveau international? Notre formation est mauvaise, et c'est un poste stratégique. On sort pas un joueur qui connaît la science du Jveux de Rugby par magie. On en revient à la formation, qui est le point noir du Rugby Français, le Rugby n'est pas "enseigné" donc on n'a pas de mecs bons dans la prise de décision. Donc les clubs n'osent pas en installer un et lui donner sa chance. Parce que c'est trop long pour que la mayonnaise prenne.
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