« Les Français ne sont pas prêts physiquement et mentalement »
Selon lui, les Anglais sont bien mieux préparés que leurs homologues, prenant comme exemple l'avènement de Toulon au dépens de Toulouse ces dernières années grâce à Steve Walsh, le préparateur physique qui a révolutionné l'entraînement du club varois. « Demandez à n'importe quel anglophone ayant vécu en France et il vous répondra la même chose : un cadre de vie parfait, mais quel dommage que les Français prennent autant la préparation à la légère. » Mortimer d'évoquer Jonny Wilkinson et ses heures passées à buter : « Ils n'avaient jamais vu ça. Durant les deux saisons que j'ai passées en France, l'idée que se faisait mon club de la préparation consistait à faire un peu de course avec une heure et demi de rugby à toucher », ajoute Mortimer. Même son cloche chez le pilier Ricky Whitehall, désormais à Lille : « On en attend beaucoup moins de nous. La plupart des gars n'ont jamais fait de power lifting (force athlétique). Qui dit rugby professionnel dit préparation professionnelle, mais un grand nombre de Français ne le voit pas de cette façon. » Passé par Castres entre 2004 et 2006, Paul Volley évoque des séances de musculation et des entraînements où les joueurs préfèraient parler plutôt que de « travailler dur comme en Angleterre. »
Les Anglais plus professionnels ?
Ils ne sont pas seuls à noter une grande différence entre les deux nations. À Leicester depuis 2013, David Mélé estime que les Anglais sont « toujours à la recherche des dernières innovations en terme de préparation », ajoutant que les coachs physiques sont les premiers arrivés et les derniers partis : « Je me rends compte maintenant que je dois donner le maximum pour ne pas laisser tomber l'équipe. J'ai progressé en termes d'endurance, de vitesse, d'explosivité. » Pour Gavin Mortimer, les Français savent qu'on s'entraîne dur en Angleterre, et parmi tous ceux qui ont tenté l'aventure outre-Manche (Chabal, Azam, Faure, etc.), il n'en voit pas « un qui soit revenu plus mauvais. Mais dès qu'il retourne en France, ils reprennent leurs mauvaises habitudes », prenant au passage l'exemple de Julien Dupuy qui n'a jamais eu le même niveau au Stade Français qu'à Leicester.
De l'aveu même d'Abdelatif Benazzi, c'est aux Saracens où il a terminé sa carrière (2001-2003) qu'il a « découvert le professionnalisme ». Comment ne pas évoquer Serge Betsen, arrivé chez les Wasps pour deux saisons à 34 ans après 17 années de bons et loyaux services à Biarritz qui a finalement prolongé de deux ans « parce ce qu'il s'y plaisait trop ». « Culturellement, note Betsen dans son livre Les 7 Plaies du rugby français, les Français se satisfont souvent du minimum. » C'est cependant au maximum de leurs capacités que devront être les Bleus ce samedi s'ils veulent avoir une chance de l'emporter à Twickenham.