Les amateurs de rugby se sont passionnés pour le match du lundi soir entre le LOU et l'Union Bordeaux Bègles. Si le score fut lourd pour les Girondins (27-10), la seconde mi-temps était bien mieux dans le jeu. Christophe Urios n'a pourtant pas apprécié la prestation de ses hommes et il n'a pas hésité à le faire savoir en conférence de presse.
Mais, c'est dans la morosité et le dur que des surprises arrivent. Au fond du sceau, on ne peut pas aller plus bas. Certains Bordelais ont étonné durant ce match, notamment en seconde période avec les changements. Ils ont réussi à relancer une machine enrouée, sans l'aide de personne. Si la nouvelle recrue Joseph Dweba a fait un bien fou en mêlée et avec un essai inscrit, c'est un jeune joueur français d'origine wallisienne qui a suscité la curiosité de certains : Yoram Moefana.
Le fenua
Le rugby français et Wallis et Futuna ont une vieille histoire d'amour qui dure. Le Fenua ("territoire" ou "pays" en tahitien) regorge de joueurs de qualités physiques, techniques et intellectuelles. Vous connaissez déjà Sébastien Vahaamahina, Peato Mauvaka, Emerick Setiano, ou Romain Taofifenua. Désormais, il faudra compter sur des jeunes moins de 20 qui poussent doucement, mais avec force. Lors du dernier Tournoi des 6 Nations, trois d'entre eux ont marqué les esprits : Tani Vili, (3/4 centre né à Brive et actuellement à l'ASM Clermont Auvergne), Aselo Ikahehegi (le pilier ch'ti désormais au Racing 92) et le dernier, Yoram Moefana, né en Nouvelle-Calédonie.
Formé à Colomiers, Yoram a fait quelques apparitions sous les couleurs du club de la banlieue toulousaine. 4 belles années de formation avant de rejoindre l'Union Bordeaux Bègles en 2019, et son contrat court jusqu'en 2021. Mais nulle doute que les Bordelais et Laurent Marti, friand de jeunes talents, le reconduiront. Yoram est un exemple de précocité : il fut lancé en Pro D2 alors qu'il n'avait seulement que 18 ans. Yoram fait partie des joueurs qui ont une tête bien pleine dans un corps bien fait. Ses études en Bachelor Marketing et Commerce International se poursuivent avec sérénité, tout comme son ascension dans le rugby français.
Surclassé en U20
Lors de la dernière édition du Tournoi des 6 Nations U20, plusieurs joueurs ont été surclassés, comme un test. Et le test a été réussi pour Yoram Moefana. Le Bordelais faisait partie des 4 joueurs (Dridi, Germain et Tiberghien) ayant remporté une médaille d'argent en rugby à 7 aux Jeux olympiques de la Jeunesse en octobre. Le 2000 compte désormais plusieurs sélections en équipe de France jeunes après avoir fait toutes les catégories : U17, U18 à XV et à 7, U20 développement et U20). On ne peut pas encore dire si le maillot bleu continuera de lui couvrir les épaules, mais Yoram est un pur produit du travail fait depuis des années par les différents staffs français. En 2019, il a été sélectionné pour le titre de meilleur essai des moins de 20 par la FFR.
Première apparition
Sa première année bordelaise a été cantonnée aux espoirs et aux moins de 20. D'un style de jeu différent de ses contemporains au centre, Yoram cherche plus les intervalles et la vitesse que la percussion, contrairement à un Delbouis ou un Tani Vili. Rajoutez à cela sa polyvalence en 12 et 13, qui ravit ses entraîneurs. Yoram, 20 ans, 97 kilos pour 1 mètre 82, a fait son premier match de Top 14 ce week-end face au LOU. Rentré assez tôt dans la partie (16e minute à la place d'Ulupano Seuteni, sorti sur protocole commotion), le centre a assumé son rôle au milieu de terrain, en défense et en attaque. La concurrence est tout de même rude au centre. Yoram devra prendre tout le temps de jeu proposé par Christophe Urios, et accepter de se le partager avec Seuteni, Seta Tamanivalu (ancien ailier All Black, replacé au centre), Jean-Baptiste Dubié et Pablo Uberti, de retour au club après une saison grenobloise. Tant qu'il y a de la place, il y a de l'espoir.
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