Si Louis Carbonel était une marque de sportswear, il serait probablement Puma, dans l’ombre des géants Nike et adidas. S’il était un soda, il serait un solide Ice Tea. Bon, mais derrière l'indétrônable duo Coca - Fanta. Bref, dans la hiérarchie du XV de France, le demi d’ouverture toulonnais est le numéro 3. Pas facile d’exister quand le n°1 se nomme Romain Ntamack, et que sa doublure n’est autre que Matthieu Jalibert…
Si la tournée australienne va permettre au sélectionneur de tester (en profondeur) son réservoir, et redonner sa chance à Sekou Macalou ou Anthony Bouthier, le n°10 du RCT sera forcément très observé.
Suite logique d'un début de carrière en fanfare
Champion d’Europe U18, double champion du monde avec les U20, passé par les Barbarians (alors considérés comme la réserve officielle des Bleus), Carbonel avait logiquement été convoqué par Fabien Galthié, dès le début de son mandat. L’aurait-il été, sans un passage à 42 joueurs appelés, pour les stages des Tricolores à Marcoussis ? Pas sûr, puisque le sélectionneur semble avoir fait de Ntamack et Jalibert ses numéros 1 et numéros 1 bis. Aujourd’hui, les doutes n’existent pas. Sauf blessure, le Toulousain et le Bordelais risquent bien de squatter les feuilles de match jusqu’au Mondial déjà dans toutes les têtes des supporters.
Dans tout ça, Carbonel doit attendre.
Déjà patron en club (54 matchs de TOP 14 ; 14 de coupes d’Europe) à seulement 22 ans, le Varois a dû patienter jusqu’à la dernière Autumn Nations Cup pour faire ses premiers pas, maillot bleu sur les épaules. Mais dans la peau d’un remplaçant, encore, suppléant Jalibert contre l’Italie puis face à l’Angleterre dans une finale où le XV de France était privé de ses meilleurs éléments.
Presque un ancien
Le parallèle est tout trouvé, avec cette tournée australienne où les Bleus n’ont jamais paru aussi bleus. Du haut de ses 3 sélections (il est à nouveau entré en jeu contre l’Italie, lors du 6 Nations), Carbonel fait presque figure d’ancien parmi les joueurs de la charnière, seul Baptiste Couilloud ayant déjà disputé une rencontre sur la scène internationale. Alors, cette tournée peut-elle être la sienne ?
On le sait, Fabien Galthié a une hiérarchie bien précise, et cette dernière est largement respectée depuis son arrivée. Ce qui a joué un mauvais tour à Carbonel depuis février 2020 pourrait donc le propulser titulaire, en juillet 2021. Performants en club, Antoine Hastoy et Joris Segonds paraissent plus en retrait et devraient (seulement) se disputer l’ouverture pour le deuxième match d’une tournée qui offre trois tests en dix jours…
Capable de buter (il a inscrit 226 points cette saison), il pourrait recevoir cette responsabilité si le staff l’associe à Couilloud. Iribaren et Jaminet (barré par Bouthier ?) se contentant du banc et/ou du deuxième test. Ancien coéquipier d’Arthur Vincent et Pierre-Louis Barassi avec les U20, celui qui a été lancé par Fabien Galthié chez les pros semble avoir les cartes en main pour définitivement s’inscrire dans le projet bleu-blanc-rouge.
2023 et ses perspectives
Car la route du Mondial 2023 passe par l’Australie, c’est une certitude. Sur les 41 retenus à l’autre bout du monde, combien seront de l’aventure du Mondial français ? Sûrement pas plus de la moitié. Mais défier les Wallabies reste primordial, au moment de juger la progression de nos Tricolores. Collectivement, et individuellement. Là où Ntamack et Jalibert se “contentent” de jouer contre les nations de l’hémisphère sud, Carbonel a droit à un gros morceau de l’hémisphère sud. Probablement face à James O’Connor, redevenu une référence du rugby mondial.
Le Toulonnais aurait donc tout intérêt à marquer des points s’il souhaite définitivement intégrer le podium des ouvreurs, dans l’esprit du sélectionneur. Faisant d’une pierre, trois coups : débuter enfin un match avec le XV de France, performer pour se prémunir face à une concurrence déjà identifiée (Hastoy et Segonds, donc) et montrer qu’il peut remplacer l’un des deux cadors, si les blessures venaient à perturber la préparation de la prochaine Coupe du monde. Boire une canette d’Ice Tea, paire de Puma aux pieds, n’aura jamais paru aussi beau.