Après le coup de sifflet final, la frustration était donc au rendez-vous côté toulousain, que ce soit du côté des joueurs, du staff ou des supporters. Une frustration renforcée par deux faits de jeu que certains ont vécus comme une injustice : un essai refusé à Alexis Palisson à la 70ème minute, et un autre, accordé cette fois-ci, au Parisien Paul Williams à deux minutes du terme de la rencontre.
Ciblé par les critiques, Monsieur Cardona s'est-il trompé sur ces deux décisions ? Nous avons demandé l'avis de notre expert, Dédé Puildébut. On commence avec l'essai de Palisson, refusé en raison d'un écran de Julien Marchand.
Aide-mémoire des arbitres pros :
Ne seront sanctionnés que les passages à vide ayant une incidence sur le jeu, c’est à dire ceux qui empêchent les adversaires de plaquer le porteur du ballon ou qui les privent de la possibilité de plaquer tout porteur de balle potentiel lorsqu’il reçoit le ballon. Si le défenseur entre en contact volontairement de manière claire et évidente (plaquage) avec le leurre, le jeu continue. En cas de doute (contact simultané), l’arbitre accordera le bénéfice à la défense en lui accordant un coup de pied de pénalité.
Le passage à vide prive bien Parisse et Danty d'intervenir sur le porteur de balle. L'essai refusé me semble logique
Interrogé sur le sujet par le journal Le Parisien , Laurent Cardona a expliqué pourquoi il avait pris cette décision :
Les Toulousains usent beaucoup des joueurs qui passent devant le ballon sans être concernés. Là, le jeune toulousain (Julien Marchand) pense être destinataire du ballon et finalement son demi de mêlée (Sébastien Bézy) choisit de ne pas lui donner le ballon. Du coup il va vraiment percuter les défenseurs (Parisse et Danty). On essaie de faire la différence entre : est-ce que c’est l’attaquant qui va percuter la défense, ce qui est pénalisable, ou est-ce que c’est la défense qui est prise par le leurre. Là, ça nous a semblé assez clair : c’était l’attaquant qui venait chercher et percuter les défenseurs. »
Ensuite, l'essai de la victoire inscrit par Paul Williams. Pour certains, l'arbitrage vidéo ne permettait pas de voir clairement le trois quart centre samoan aplatir le ballon. Ce n'est pas l'avis de Dédé.

Le dernier angle de caméra est plutôt clair, l'essai est logiquement validé.
Là encore, dans les colonnes du Parisien, Laurent Cardona reste sur sa position. Mais il admet toutefois avoir fait une erreur de communication qui a ajouté à la confusion :
L’arbitre vidéo était formel. Il voit bien le toucher à terre. Mais, il ne sait pas si on est dans l’en-but ou pas. Il n’y a pas une image claire qui lui montre. À partir de là, l’essai aurait dû être refusé. Mais, à ce moment, est venu se rajouter l’information du juge de touche qui était à moins d’un mètre de l’action. Quand il a compris que la seule interrogation que nous avions était de savoir si on était dans l’en-but ou pas, il a repris la main et dit : "moi, je sais que le joueur est dans l’en-but, je peux vous le confirmer". C’est cette information qui est arrivée au dernier moment (...) J’aurais dû le verbaliser en reprenant les termes du juge de touche. Cela aurait été bien compris plutôt que laisser ce sentiment de frustration de m’avoir entendu dire : "on n’a pas d’image claire dans l’en-but", et ensuite de me voir me déplacer et accorder l’essai… Mais le fait que ce soit très, très, très long m’a un peu poussé à abréger cette attente qui, pour les acteurs, devait être interminable »
Si ces deux cas ne sont pas évidents à juger et sujets à interprétation, il n'y avait donc probablement pas lieu de crier au scandale ou au « vol », comme l'a fait Maxime Médard aux micros de Canal + après le match. Ce dernier pourrait d'ailleurs rencontrer quelques problèmes avec la commission de discipline.
Un autre éclairage intéressant sur la première décision, à lire sur le site L'esprit de la règle.